vendredi 28 août 2015

[Film] L'Odeur de la mandarine de Gilles Legrand

Français - 1h50
Sortie en France le 30 septembre 2015
Avec : Olivier Gourmet, Georgia Scalliet, Dimitri Storoge

Été 1918. La guerre fait rage pour quelques mois encore, mais pour Charles et Angèle, elle est déjà finie. Lui, officier de cavalerie y a laissé une jambe. Elle, son infirmière à domicile, vient de perdre au front son grand amour, le père de sa petite fille. Unis par le besoin de se reconstruire, ils nouent une complicité joyeuse qui les ramène à la vie. Sur l'insistance de Charles, Angèle accepte un mariage de raison. Il leur faudra entrer en guerre, contre eux-mêmes et contre l'autre avant d'accepter l'évidence de la passion qui les lie malgré eux…

16/20

Hormis les films en compétition, le festival du film d'Angoulême est également l'occasion d'assister à un certains nombres d'avant-premières, ce qui n'est pas pour me déplaire, surtout lorsque cela concerne des films qui me faisaient très envie comme l'Odeur de la mandarine. Je dois avouer qu'en général, je fuis ce genre d’événement comme la peste, détestant le monde et le foutoir que ça génère (et de ce côté là, le petit CGR d'Angoulême n'est pas en reste, je ne sais pas comment ils gèrent leur organisation, mais ce n'est pas encore tout à fait ça). Mais cette fois, dans le cadre du festival et l'occasion se présentant.... Me voilà partie !


L'Odeur de la mandarine est une romance. Une romance qui aurait pu avoir tout ce qu'il y a de plus classique, mais qui se révèle n'avoir rien d'ordinaire. Le film nous offre le portrait d'un homme et d'une femme brisés par la guerre, chacun à leur façon. Physiquement ou moralement, Charles et Angèle sont deux amputés, l'un a perdu une jambe, l'autre l'homme qu'elle aimait. On assiste peu à peu à la rencontre de ses deux personnages, à la naissance des liens très forts qui se tissent entre eux, mais également à l'installation progressive d'une certaine ambiguïté. On ressent la passion qui unie les personnages, sans parvenir vraiment à éclore totalement. Leur amour commun pour les chevaux (Charles était dans la cavalerie, Angèle a grandi dans le ranch de ses parents) apporte souvent une connivence encore plus particulière entre les personnages. D'ailleurs, j'ai beaucoup aimé la façon dont les chevaux sont mis en scène, il y a un aspect très fusionnel entre ceux-ci et les humains qui rend certaines scènes de chevauchées vraiment belles.


À cette jolie romance un peu bancale s'ajoute un ton taquin et pince sans rire que j'ai beaucoup apprécié. On rigole souvent devant les échanges et les situations entre les personnages. Pas parce qu'ils sont risibles, mais pour la fraîcheur, la vie, la spontanéité qui se dégagent de leur complicité. Angèle et Charles sont deux personnages très respectables, mais celle-ci n'a rien d'une mijaurée et lui n'est pas en reste non plus. Sans jamais tomber dans l'incorrect ou le trop plein, le juste mélange entre joliesse et taquinerie se fait à la perfection et permet de dresser le portrait d'un couple (et surtout d'une femme) touchant et qui ne s'encombre pas des usages.

Pour interpréter ces deux personnages plein de complexité, on retrouve en tête d'affiche Olivier Gourmet, acteur aguerri dont la taille de filmographie parle pour lui, et Georgia Scalliet, dans son premier grand rôle au cinéma. Mais qu'on se le dise, la comédienne de la Comédie Française a de très beaux jours devant elle. Elle porte le film sur ses épaules et est tout simplement exceptionnelle. J'ai eu un réel coup de cœur pour cette actrice plein de spontanéité et de justesse.


Outre la très belle écriture de l'histoire, le cadre du film joue beaucoup sur le ressenti. Perdus au fond de la campagne dans une grande propriété faite de lac et forêts, les personnages évoluent dans un monde qui semble très loin des affres de la guerre, mais qui n'en est pourtant jamais loin, comme le rappellent les explosions derrière les collines, la nuit. 

Une fois de plus, je dois dire que je suis allée voir le film sans arrière-pensée. J'avais vaguement lu le synopsis, juste assez pour situer l'histoire lors de la Première Guerre Mondiale, rapidement jeté un œil au casting, et c'est surtout le nom de Gilles Legrand en tant que réalisateur (Malabar Princess est sans doute l'un des films que j'ai le plus vu étant petite) et le très joli titre du film qui avaient éveillé mon attention. Je pense que je vais continuer à aller voir des films en ne sachant pas à quoi m'attendre, la surprise n'en est toujours que plus belle.



mardi 25 août 2015

[Film] La Vie en grand de Mathieu Vadepied

Français - 1h33
Sortie en France le 16 septembre 2015
Avec : Balamine Guirassy, Ali Bidanessy, Guillaume Gouix

Adama est un adolescent de 14 ans. Il vit avec sa mère dans un petit deux-pièces en banlieue parisienne. Il est en échec scolaire même si c’est un élève prometteur. Avec Mamadou, plus jeune que lui, ils vont inverser le cours de leurs vies.

15/20

Même si je continue à aller au cinéma de temps en temps, j'ai un peu levé le pied sur mes visionnages dernièrement. Cependant, cette semaine, je vois mal comment y échapper ! Le Festival du Film francophone d'Angoulême débutait aujourd'hui et durera jusqu'au dimanche 30. Pour une fois qu'il se passe quelque chose d'intéressant dans ma petite ville, j'en profite.

Si j'ai débuté cette semaine par La vie en grand, c'est surtout pour accompagner une amie a qui il faisait très envie. Le film est en compétition au festival, mais il ne me disait pas grand chose, j'étais tombée sur son affiche deux trois fois sur internet, sans m'y arrêter. Finalement, cette séance ne fait que confirmer que c'est lorsque je n'attends réellement rien d'un film que j'en ressors le plus satisfaite. La vie en grand est un très chouette film, je l'ai vraiment apprécié !

Adama et Mamadou sont deux jeunes des banlieues parisiennes. Adama est un garçon de quatorze ans intelligent mais que le collège ne passionne guère et qui a du mal à se faire à la récente séparation de ses parents. Il se retrouve à vivre dans un tout petit appartement avec sa mère, joignant difficilement les deux bouts. Alors bien sûr, le jour où la possibilité de se faire de l'argent facilement pointe le bout de son nez, les deux garçons n'hésitent pas et se lancent...




Si en apparence le sujet semble plutôt classique, vu et revu, j'ai beaucoup aimé la façon dont il était abordé. Balamine Guirassy et Ali Bidanessy, les deux jeunes acteurs au cœur du film, sont à la fois très drôles et touchants. Je les ai trouvé très justes dans leur rôle. On suit l'histoire avec amusement, on ne peut s'empêcher de rire bien souvent devant la spontanéité des deux enfants et leur naïveté à toute épreuve qui éclatent au grand jour à coups de répliques percutantes et franchement bien trouvées. 
Pourtant, tout n'est pas toujours drôle mais la gravité des problèmes soulevés garde une facette d'innocence qui fait de la Vie en grand un film léger, loin du drame dans lequel le réalisateur aurait pu tomber et, finalement, peu moralisateur comme il aurait été si facile de le faire. On évite également les clichés trop flagrants et, pour une fois, j'ai beaucoup aimé la place donnée à l'école, notamment à travers le prof de sport d'Adama, interprété par Guillaume Gouix, dont le rôle, bien que discret, est décisif dans l'avenir du garçon.

La vie en grand est une bonne surprise, un film qui donne le sourire, nous fait rire quand on s'y attend le moins (ou à peine !) et a le mérité de se délester de toutes les facilités qui auraient pu le rendre, du coup, bien moins intéressant. Si la plus grande partie des films que j'ai l'intention de voir au court du festival sont du même acabit, la semaine promet d'être sympathique !