jeudi 27 octobre 2016

[Livre] Harry Potter et l'Enfaut maudit de Jack Thorne et John Tiffany

Gallimard Jeunesse - 14 octobre 2016
352 pages
Sortie originale : 31 juillet 2016
Titre Vo : Harry Potter and the Cursed Child


Nous retrouverons Harry, Hermione, Ron et les autres héros à l’âge adulte, tels que nous les avons quittés à l’épilogue de Harry Potter et les Reliques de la Mort, qui se situe dix-neuf ans après le dénouement du combat de Harry contre Voldemort et les forces du Mal. L’enfant maudit est Albus Severus, le cadet des trois enfants de Harry et Ginny Potter. Être Harry Potter n’a jamais été facile et ne l’est pas davantage depuis qu’il est un employé surmené du ministère de la Magie, marié et père de trois enfants. Tandis que Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, son plus jeune fils, Albus Severus, doit lutter avec le poids d’un héritage familial dont il n’a jamais voulu. Le destin vient fusionner passé et présent. Père et fils se retrouvent face à une dure vérité : parfois, les ténèbres surviennent des endroits les plus inattendus.
(Source : Gallimard Jeunesse)


8/20

À la base, j'avais décidé que je ne m'attarderais pas sur cette suite, pour deux raisons : à cause du tapage fait autour de la pièce de théâtre et aussi à cause de ma déception vis-à-vis de J. K. Rowling, qui a laissé pondre une suite à une histoire qui, d'après ce qu'elle avait dit, ne devait pas en avoir. 
J'ai finalement quand même lu L'Enfant maudit, après avoir entendu une critique dessus qui révélait des points de l'intrigue, lesquels m'avaient fait bondir par leur improbabilité. Je me devais de vérifier ça ! 

Je ne vais pas être tendre, mais pour moi, ce livre est tout simplement une hérésie au monde d'Harry Potter tel qu'on le trouve dans les romans de J. K. Rowling. 
L'intrigue ne tient nullement la route, ça remet totalement en cause une partie du fondement même de l'histoire des romans en utilisant un ingrédient extrêmement mal exploité : le voyage dans le temps. J. K. Rowling avait su manier cet élément avec brio dans Le prisonnier d'Azkaban. Ici, c'est un carnage. 
« Scorpis : Il est temps que remonter le temps devienne une chose du passé.Albus : Tu es assez fier de cette formule, non ?Scorpius : J'y ai travaillé toute la journée. »
L'écriture est bourrée de traits d'humour grossiers et de répliques enfantines et mal tournées. Si certains personnages sont des enfants (Albus et Scorpius par exemple), notre trio d'amis préférés est adulte depuis longtemps, pourtant, leurs échanges sont dignes de ceux qu'on pourrait avoir dans une cour de lycée... Je vous assure, voir le Professeur McGonagald, d'habitude si forte, si austère, parler comme une vielle femme enfant, ça a de quoi faire froid dans le dos ! 

J'ai vraiment eu beaucoup de mal à me faire à cette écriture très surfaite et rendue incroyablement simpliste par le fait qu'il s'agisse d'une transcription d'une pièce de théâtre. La pièce en elle-même, jouée sur scène, est peut-être très bien (si on ne s'attarde pas sur le scénario complètement tiré par les cheveux, encore une fois). Mais sur papier, j'ai trouvé ça horrible. Le format de la pièce de théâtre ne fonctionne tout simplement pas avec l'univers d'Harry Potter. On perd les descriptions, les petits détails plein de magie et loufoques si plaisant au monde des sorciers de J. K. Rowling. 
« Harry : J'en ai assez que tu me rendes responsable de tous tes malheurs. Au moins, toi, tu as un père. Moi, je n'en ai pas eu. D'accord ? Albus : Et tu trouves que c'est de la malchance ? Eh bien, moi pas. »
Moi qui connaîs sur le bout des doigts les sept romans pour les avoir lu de nombreuses fois chacun (et toujours avec plaisirs), je n'ai pas du tout réussi à me plonger dans l'univers de cette pièce, ma lecture s'en est retrouvée atrocement plate, sans une once de magie. 

Alors, j'avoue avoir trouvé un minuscule petit point positif dans la réinsertion de quelques personnages (ce qui ont lu l'histoire me comprendront), mais pour le reste, cette pièce de théâtre ressemble bien trop à une fan-fiction qui dénature la série de romans plus qu'elle ne la complète. Un livre complètement dispensable dont je vais vite oublier la lecture. 



jeudi 13 octobre 2016

[Livre] La salle d'attente de Tsou Yung-Shang

Piranha - 1 Septembre 2016
192 pages
Date de sortie originale : Janvier 2013
Titre Vo : Denghou Shi

Dans la salle d'attente d'une administration, un homme patiente. Plus qu'un visa, ce sont des réponses au sens de sa vie qu'il espère... Xu Mingzhang a rencontré son épouse à l’université de Taipei. Leurs amis ont bien du mal à comprendre ce qui les unit : c’est une étudiante ambitieuse et très en vue, alors que lui est réservé, toujours plongé dans ses livres. Il la suit pourtant en Allemagne où il s’enferme peu à peu dans un monde intérieur fait de lectures et de silences. Jusqu’au jour où elle lui annonce qu’elle le quitte. Désormais installé seul à Berlin, il attend qu’une fonctionnaire décide ou non de prolonger son visa et surtout, de trouver un sens à sa vie, loin de son île natale.
(Source : Piranha)


14/20


La salle d'attente s'ouvre de la même façon dont elle se termine : avec simplicité. Dans ce premier roman de l'auteur Taïwanaise Tsou Yung-Shan, je me suis à nouveau heurtée avec plaisir à cette écriture pleine de langueur avec un côté très simpliste, très épuré, que je retrouve (et adore) énormément dans la littérature asiatique.

C’est comme écouter une mélodie neutre mais ponctuée de notes poétiques qui lui donnent un charme froid mais interpellant et dont la beauté se révèle progressivement. J’ai beaucoup aimé voir Xu Migzhang parler de la façon dont il se sent, de sa relation passée avec sa femme, de cette étrange sentiment d’humidité qui enrobe les choses autour de lui, de son appartement à son cœur, ou bien sa façon de parler des arbres, de l’eau, de l’air. Pas de fioritures, juste des pensées brèves et succinctes attrapées au vol.
« 7h30. Il est assis dans la salle d'attente du bureau du ministère des Affaires étrangères, la tête baissée. Il n'a pas lu, pas regardé autour de lui pour passer le temps. Parfois, des gens, à côté de lui, discutent dans des langues différentes ; le plus souvent, il ne comprend pas. Parfois, du couloir, lui parviennent des bruits de conversations en chinois. Avant, il aurait levé la tête, à présent il n'y fait même plus attention. »
Pour peu qu’on accepte de se poser un instant (impossible de lire le roman ailleurs que chez moi au calme, c’est une histoire qu’on doit prendre le temps de découvrir), on se retrouve emporté dans la lassitude et la monotonie de ces personnages étrangers ou allemands (l'histoire se déroulant en Allemagne), qui gravitent autour du thème de l’immigration. Le ton des différents récits est loin d'être édulcoré, l'atmosphère globale du roman est très grise, l'écriture n'a pourtant rien de lourde, on se laisse porter par le fil des différentes histoires (qui s'entrecroisent ça et là) sans s'enliser une seule seconde dans cette espèce de lassitude et de tristesse qui gravitent autour des personnages.
« Quand sa femme lui avait annoncé qu'elle voulait le quitter, il n'avait rien dit, il s'était plongé dans le roman qu'il tenait à la main, il avait évité de la regarder en face, elle avait attendu, attendu de voir s'il allait enfin se décider à dire quelque chose, mais il n'avait rien dit, il donnait l'impression d'accepter cela facilement, mais ils savaient tous deux que c'était de sa part une attitude de refus. »
Concernant l'immigration, la façon dont le thème est abordé est très juste. Les questions identitaires sur ce qui définie un homme à propos de ses racines, de l’endroit d’où il vient et vers l’endroit où il atterri, des barrières culturelles et linguistiques sont amenées avec finesse. Même si le sujet n’est pas totalement approfondi car on reste dans un constat rendu très subjectif par les points de vues des personnages, il est très appréciable d'avoir un regard surtout porté sur le ressenti et non sur le côté froid, clinique et administratif de l’immigration. 

Pas de chiffres ici, juste de l'humain ! C'est ce qui fait de La salle d'attente un livre si intéressant à découvrir. Et malgré la lourdeur apparente du ton du récit, il est facile de se laisser emporter par tous ces personnages dont les histoires de vie nous renvoient peut-être, à un moment où l'autre, à ce que nous aurions été, à ce que nous pourrions, un jour, être.