mercredi 28 octobre 2015

[Livre] H2G2, tome 2 : Le Dernier Restaurant avant la Fin du Monde de Douglas Adams

Gallimard - Folio SF, 2000
224 pages
Date de parution originale : 1 juin 1980
Titre VO : The restaurant at the end of the universe

Pas de panique ! Votre Guide galactique en poche, vous voilà prêt à affronter les pires épreuves que recèlent les gouffres de l'espace : le Vortex à Perspective Totale, les concerts d'Oscar Paulette (fameux chanteur de plutôt-rock cataclysmique), les Allègres Transports Verticaux de la Cybernétique de Sirius, et... le plat du jour du Dernier restaurant avant la fin du monde. Bon appétit et bonne route !

14/20

Un an après avoir lu le premier tome d'H2G2, je me décide enfin à attaquer la suite. Il m'en aura fallu du temps pour aller le visiter, ce fameux restaurant de la fin du monde. Il faut dire qu'après un premier tome haut en couleurs et bourré d'humour, j'avais un peu peur d'être déçue par une suite qui ne serait pas aussi bonne. 
Et ce fut malheureusement le cas.
« D’après une théorie, le jour où quelqu’un découvrira exactement à quoi sert l’Univers et pourquoi il est là, ledit Univers disparaîtra sur-le-champ pour se voir remplacé par quelque chose de considérablement plus inexplicable et bizarre.Selon une autre théorie, la chose se serait en fait déjà produite. »
On retrouve dans ce deuxième roman l'humour et l'absurde qui marchent si bien dans cette saga et qui lui donnent toute son originalité. J'ai beaucoup aimé retrouvé les personnages, leurs manies, leur nonchalance, leur cynisme et l'univers de SF si original et farfelu dans lequel ils évoluent.
« L’Univers (comme on a déjà pu l’observer) est un endroit aux dimensions considérablement inquiétantes par leur gigantisme (un fait que, pour leur petit confort personnel, la plupart des gens ont tendance à vouloir ignorer). »
Mais (puisqu'il y a bien sûr un "mais"), c'est l'histoire qui pêche en ce qui me concerne. Trop abracadabrante, elle m'a souvent perdue. C'était bien parti pourtant, le premier chapitre est un concentré de tout ce que j'avais aimé dans le premier tome. Mais bien vite, mon intérêt s'est un peu éteint. J'ai bien aimé l'idée de ce restaurant perdu dans sa boucle temporelle, ou les idées sur la théorie de l'évolution. Pour le reste, j'aurais aimé quelque chose de plus linéaire, qui se perde moins dans des histoires parallèles.
« L’Histoire de toute civilisation galactique de quelque importance tend à traverser trois stades distinctement reconnaissables : celui de la Survie, celui de la Recherche, enfin celui de la Sophistication, également connus sous le nom de stades du Comment, du Pourquoi et du Où ? Par exemple, le premier stade est caractérisé par la question : Comment manger ? le second, par la question : Pourquoi manger ? et le troisième par la question : Où va-t-on bien déjeuner ? »
Bon, heureusement tout n'est pas à jeter (bien au contraire) et il faut reconnaître à Douglas Adams sont esprit délicieusement loufoque. Ça a au moins le mérite de faire passer un bon moment de lecture, tout en humour et légèreté. À voir ce que donnera le troisième tome.



vendredi 23 octobre 2015

[Film] Un + Une de Claude Lelouch

Français - 1h53
Sortie en France le 9 décembre 2015
Avec : Jean Dujardin, Elsa Zylberstein, Christophe Lambert

Antoine ressemble aux héros des films dont il compose la musique. Il a du charme, du succès, et traverse la vie avec autant d’humour que de légèreté. Lorsqu’il part en Inde travailler sur une version très originale de Roméo et Juliette, il rencontre Anna, une femme qui ne lui ressemble en rien, mais qui l’attire plus que tout. Ensemble, ils vont vivre une incroyable aventure…

15/20


J'ai vu le film en avant-première lors du Festival du Film Francophone d'Angoulême en août dernier, Un + Une était alors mon premier film de Claude Lelouch, dont je n'avais encore jamais vu de longs-métrages (et c'est toujours le cas d'ailleurs, il faudrait vraiment que je m'y mette). Outre le plaisir de voir une partie de l'équipe du film faire une apparition à la projection pour présenter le film, j'étais plutôt contente d'enfin pouvoir découvrir le réalisateur. Surtout qu'Un + Une m'a plu et m'a donné envie de jeter un œil plus attentif à la filmographie de celui-ci !

Le film raconte une romance passagère mais presque fulgurante sur fond de paysages indiens. Il livre l'histoire de la relation entre un homme et une femme dans toute la complexité que ça implique, mais tout en restant très épuré. J'ai beaucoup apprécié ce fil conducteur qui garde en permanence une simplicité déconcertante. On parle d'amour, on parle d'adultère, de tromperie mais rien ne semble jamais être compliqué car c'est spontané, la romance ne s’encombre pas réellement des usages et baigne dans la franchise la plus totale. Le film prend ainsi plaisir à briser les lieux communs et clichés. 

J'ai été très surprise par la liberté donnée aux acteurs dans leur interprétation qui devient alors très naturelle. Ces moments d'improvisations donnent l'impression que l'on pourrait croiser les personnages dans la rue et assister à leurs échanges de la même façon dont on les observe de derrière nos écrans. Cette aisance des acteurs à se renvoyer la balle m'a d'ailleurs énormément plu. Jean Dujardin est excellent dans ce type d'exercice et Elsa Zylberstein est une partenaire tout à fait à la hauteur. La connivence entre les deux acteurs était palpable et n'en rendait l'histoire que plus plaisante.




Et puis, surtout, le film fait voyager. On passe du ton taquin et comique des échanges entre les deux protagonistes aux magnifiques images d'une Inde présentée dans toute sa spiritualité. Des bords du Gange et de toutes les croyances qui y sont associées à Amma la gourou indienne et son humilité inconditionnelle, on se retrouve face à une spiritualité très douce, très éthérée, qui apporte un petit côté magique et hors du temps au film. Un peu à l'image de la romance entre les deux personnages finalement : quelque chose de très spontané qui s'ouvre et se referme, comme une parenthèse.

En tout cas, si les personnes ayant vu le film avec moi ont été plutôt déçues (connaissant le réalisateur, j'ai eu le droit au fameux "c'était mieux avant"), moi qui ne connaissait pas tout Claude Lelouch, j'ai pris le film sans pouvoir le comparer à d'autres et, de l'histoire à la réalisation en passant par les acteurs, j'ai été totalement conquise. 






jeudi 15 octobre 2015

[Challenge] Lecture : Cadavre exquis d'Halloween



Cette année, pour se retrouver ensemble autour du thème d'Halloween sur Booknode, on propose un petit jeu sous forme de challenge : un cadavre exquis revisité !
Le Challenge se déroulera du 15 octobre au 15 novembre.





  • Pour commencer, vous choisissez un des méchants parmi les vingt proposés (étiquettes chauve-souris).
  • Une première personne vous choisit un lieux parmi les quinze proposés (étiquettes oranges vif).
  • Une deuxième personne vous choisit une action parmi les quinze proposées (étiquettes grises).
  • Une troisième personne vous choisit un objet parmi les quinze proposés (étiquettes oranges clair).
  • Une quatrième personne vous choisit une victime parmi les vingt proposées (étiquettes pierres tombales).
  • Ajoutées à votre étiquette "Méchant", vous vous retrouvez avec cinq étiquettes, qui forment une phrase complète.
    Exemple : Cujo - Usine désaffectée - Assommer - Scie - Jon Snow
    --> Cujo qui assomme Jon Snow avec une scie dans une usine désaffectée.







  • Chacune des 85 étiquettes est reliée à une consigne.
  • Bien entendu, elles vous sont inconnues, et vous seront données lorsque vous aurez votre phrase.
  • Une phrase correspond donc à cinq consignes.
  • Chaque participant aura sa propre phrase construite par tous.
  • Pour valider le challenge, il vous faut remplir au moins trois de ces consignes, en les cumulant ou pas, comme vous l'entendez.
  • Dans l'idée que tout le monde puisse participer, les consignes ne tournent pas forcément autour du thème de l'horreur. Elles sont souvent suffisamment ouvertes pour englober le fantastique, les thrillers, les romans à suspense. Vous pouvez lire ce que vous voulez, mais essayez de rester dans l'esprit du thème du challenge : Halloween !


Le challenge se déroule sur le forum du site et réunit déjà quelques participants, ce qui est plutôt chouette vu que je ne pensais pas que ça marcherait si vite ^^ En espérant que l'enthousiasme dure jusqu'à la fin du défi !

lundi 12 octobre 2015

[Livre] La Maison du sommeil de Jonathan Coe

Gallimard, Folio - 2000
459 pages
Date de parution originale : 29 mai 1997
Titre VO : The House of Sleep

De bien curieux événements se déroulent à Ashdown, inquiétante demeure perchée sur une falaise des côtes anglaises. Naguère, c'était une résidence universitaire, où se sont croisés Sarah la narcoleptique, Gregory le manipulateur, Veronica la passionnée, Robert l'amoureux transi, Terry le cinéphile fou. Leurs destins ont divergé, mais les spectres du passé continuent de hanter Ashdown, devenue une clinique où le sinistre docteur Dudden se livre à de monstrueuses expériences sur les troubles du sommeil. Par quelles mystérieuses coïncidences tous les personnages vont-ils s'y retrouver ? Et quelles transformations vont-ils subir ? Une fresque foisonnante et rigoureuse où l'illusion amoureuse va jusqu'à l'extrême limite de sa réalisation, et où la vérité sort toujours des rêves. 


15/20

Jonathan Coe faisait de partie de mes auteurs "à lire" mais dont je trouvais toujours le moyen de repousser la lecture (je trouve de toute façon TOUJOURS le moyen de ne jamais lire ce que j'ai sous la main). Il aura fallu la lecture commune d'octobre sur Booknode pour enfin me décider... et c'est donc désormais chose faite ! Et pour une première lecture de l'auteur britannique, je suis totalement convaincue.
« Après un silence, Gregory murmura : "Je te demande pardon" d’une voix basse et confuse, et il lui saisit la main. Puis il se pencha pour l’embrasser. " Je ne voulais pas te réveiller, répéta-t-il. Il fallait que je les touche. C’est incroyable…" (elle devina son sourire dans la pénombre de la pièce) "… il y a tellement de vie sous tes paupières pendant que tu dors ; je voyais ça. Et j’ai voulu toucher ça ; j’ai senti ça au bout de mes doigts." »
La maison du sommeil est un roman complexe à l'histoire mystérieuse et à la structure intrigante. Grâce à sa construction très travaillée, Coe nous fait jongler d'une époque à une autre (passant des années 1983-84 à l'année 1995), enchaîne les stades du sommeil pour découper son roman (état de veille, stade 1, stade 2, stade 3, stade 4 et sommeil paradoxal) et manie habillement les mises en abîmes. On est pris dans la toile, intrigué par les histoires de tous ces protagonistes dont on découvre au fur et à mesure le passé et le présent avec toutes les liaisons qu'ils peut exister entre les deux temps... et entre les différents personnages. Car c'est un aspect du roman que j'ai beaucoup aimé : cette habileté à tout mélanger, à établir des connexions entre chaque élément, aussi insignifiant qu'il puisse être. Du coup, si le déroulement de l'histoire m'a semblé un peu difficile à suivre au début, une fois prise dedans, j'ai vraiment apprécié ma lecture.
« Le dormeur est démuni, impuissant. Le sommeil met les plus puissants à la merci des plus faibles. »
J'ai aimé découvrir les liens entre ces morceaux de plusieurs vies, comment le passé explique le présent dans les parties de 1996, comment les personnages que l'on découvre en 1984 ont évolué une dizaine d'années plus tard. Et si l'histoire et d'autant plus intéressante à suivre, c'est parce que Jonathan Coe nous propose un récit dans lequel les différents personnages ont des psychologie établies avec beaucoup de finesse et de maîtrise. L'amoureux transit, la narcoleptique, l'excentrique, le savant fou, ils sont tous fascinant à découvrir, dans leurs personnalités, leurs névroses, leur certitudes, leurs rapports aux choses et à eux-mêmes. J'ai adoré le personnage de Terry, déjà pour ses transgressions constantes sur le cinéma, et puis pour ce côté ironique que l'auteur utilise si bien à travers ce personnage. Jonathan Coe ne se gêne pas pour donner à sa plume un ton grotesque dans les choses dont il cherche à se moquer ouvertement. Et j'ai trouvé les passages concernés (l'histoire de l'article mal corrigé, le séminaire des médecins) vraiment amusants, je les attendais avec impatience à chaque fois.
« "Je sais que c’est un cliché de dire que les films sont les rêves d’un inconscient collectif, commença Terry. Mais il m’a semblé que personne n’avait jamais vraiment pénétré cette idée à fond. Il y a diverses sortes de rêves, n’est-ce pas ? De même qu’il y a des films d’horreur, qui correspondent aux cauchemars, et des films cochons, comme Gorge profonde et Emmanuelle, qui correspondent aux rêves érotiques." Il prit une lampée de son chocolat sirupeux, en s’enflammant pour son sujet. "Et puis il y a les remakes, les histoires qu’on se raconte encore et encore, et qui correspondent aux rêves récurrents. Et il y a les rêves consolateurs, visionnaires, comme Horizons perdus ou Le Magicien d’Oz. Mais lorsqu’un film est perdu, qu’on ne le montre plus, que les copies sont introuvables, que personne ne les voit plus jamais, c’est la plus belle sorte de rêve. Parce que c’est peut-être le rêve le plus sublime qu’on ait fait dans sa vie, mais qui s’efface quand on se réveille, et dont quelques secondes plus tard on ne se rappelle aucun détail." »
Avec son histoire alambiquées, ses coïncidences qui ne semblent jamais tout à fait en être, et son ton souvent ironique, La Maison du sommeil est un roman maîtrisé que j'ai aimé découvrir. Coe a de la suite dans les idées et sait parfaitement où mener son lecteur. Si on peut lui reprocher un traitement peu approfondi du thème du sommeil (on apprend deux trois choses, c'est vrai, mais le sujet reste superficiel) et une intrigue qui se devine sur la fin, on prend tout de même plaisir à en lire le dénouement qui, fait à partir de documents annexes (lettre, retranscription) est une façon originale de clôturer cette histoire. Quoiqu'il en soit, ce n'est sûrement pas le dernier roman que je lis de l'auteur.