jeudi 23 juillet 2015

[Livre] Tu me plais de Jacques Expert

Lgf - Le livre de poche, 2015
192 pages
Date de parution originale : 3 juin 2015

Quand, par une succession de hasards, Vincent se retrouve assis face à Stéphanie sur la ligne 1 du métro parisien, la scène a tout d’une belle rencontre. La jeune femme tombe immédiatement sous son charme ; lui, semble fasciné par le galbe et la finesse de son cou. Mais ce coup de foudre pourrait bien se révéler fatal... Car, sous ses airs enjôleurs, Vincent dissimule de terrifiantes pulsions. Hasard de l’existence ou force du destin, comment sauver Stéphanie des griffes de ce funeste séducteur ?

15/20

Un simple trajet en métro qui prend bien vite des allures de véritable cauchemar éveillé, voilà ce que nous promet ce nouveau roman à suspense de Jacques Expert. Moi qui ai, déjà de base, le métro en horreur, c'était l'occasion d'avoir froid dans le dos !

Le thriller ne se déroule que le temps d'une soirée et, avec son cadre temporel réduit, on se retrouve à suivre à la minute près le petit jeu malsain auquel se livre le protagoniste. Un roman qui ne dure que le temps d'un soir mais qui ne se situe aussi globalement que dans un seul lieu : une rame de métro. On est donc au cœur même de l'intrigue, ce qui donne un rythme effréné au récit, sans le moindre temps mort, et rend la lecture très addictive. C'est bien simple, le format court aidant, le roman se lit d'une traite.
« Vincent se dit que le hasard a bien fait les choses ! Il aura de quoi s'occuper jusqu'au terme de son trajet : rien ne le ravit plus que d'observer les filles, surtout quand elles sont aussi attirantes que celle-ci. Déjà, il s'imagine déposer un baiser, long et apaisant, au creux de ce cou gracieux qui s'offre à son regard oblique. »
À cette histoire rondement menée, s'ajoutent des apartés de l'auteur, sous forme de questionnements et de résumés sur ce qu'il vient de se passer dans le chapitre. Plus que de simplement faire le point sur ce qu'on vient de lire, ces petits passages où Jacques Expert semble s'adresser aux lecteurs donnent un certain côté interactif au thriller et une pointe d'originalité très appréciable.
« Pour elle, c'est le hasard qui donne à la vie tout son sel. Pour lui, à l'inverse, il ne faut surtout pas compter dessus. "Il peut même parfois être dangereux. Tu devrais plutôt t'en méfier", lui a conseillé ce père pragmatique. Fervent croyant de surcroît, il répète inlassablement que "tout est écrit". »
La construction du roman, son style simple et efficace, tiennent en haleine tout du long. Chapitre après chapitre (station après station !), l'étaux se resserrent sur les personnages. Des successions de hasards, de malchances même, si j'ose dire, accentuent le suspense déjà bien installé et brouillent les pistes de façon à ce qu'on ne sache jamais vraiment à quoi s'attendre. Car après tout, c'est surtout le hasard, qui est le maître du jeu dans cette histoire. C'est le hasard qui place, ce soir là, Vincent sur le siège face à celui de Stéphanie. Et ce seront les coups du sorts qui ponctueront le reste des événements liés à cette rencontre fortuite.

Tu me plais est un court thriller d'environ deux cent pages qui se dévore le temps d'un trajet (dans le train, on n'habite pas tous - et heureusement après avoir lu ça - dans des grandes villes !) et qui, avec son protagoniste froid, dérangé et extrêmement charismatique, inquiète autant qu'il captive. Une chose est sûre, il faut se méfier des apparences, et une petite voix viendra vous sermonner de vite replonger le nez dans votre bouquin la prochaine fois que vous croiserez par inadvertance le regard d'un bel inconnu.

Et si vous avez envie d'un petit aperçu plutôt amusant de ce qui vous attend, je vous conseille de jeter un œil à l'infographie du roman et de vous perdre un instant dans le petit jeu qu'elle propose. C'est excellent !





mercredi 22 juillet 2015

[Livre] Pirates de Michael Crichton

Toujours sur ma lancée dans le Challenge Voyage, j'étais bien décidée à aller faire un tour du côté du continent sud-américain,  la jungle me criait de la rejoindre et les pyramides d'Egypte ne m'ayant pas apporté de lecture très satisfaisante, j'étais plutôt pressée de les quitter . Manque de chance, la fortune ne semble pas être de mon côté car durant ma traversée, et alors que j'apercevais les côtes américaines, voilà qu'un sombre navire voguant sous le sceau du pavillon noir nous aborde et nous jette sans ménagement dans ses cales. Des pirates !


Pocket - 2011
347 pages
Date de sortie originale : 26 novembre 2009
Titre Vo : Pirate Latitudes

Il fait bon être corsaire à la Jamaïque en 1665. Il n'y a qu'à tendre la main pour devenir riche. À croire que les proies sont aimantées par Port Royal, la capitale. Comme ce vaisseau espagnol gorgé d'or du nouveau monde, qui mouille dans une île toute proche.Edward Hunter rassemble alors un équipage d'hommes sûrs pour s'en emparer. Mais la tâche semble impossible. Les canons de la forteresse, les 200 soldats et les montagnes en son centre font de Matanceros - " massacre " en espagnol - une île inexpugnable. Pas pour un vrai pirate...


13/20

Les romans de piraterie sentent heureusement bon l'exotisme, c'est donc avec un certain plaisir que je me suis prise au jeu. L'occasion pour moi d'enfin lire un roman du fameux Michael Crichton (que je connais beaucoup plus sur écran que sur papier).

Pour une première approche du monde des corsaires et des pirates en littérature, je reste sur ma faim. On n'enlèvera pas au roman son étiquette de roman d'aventure, car en effet, et malgré un début un peu lent, le périple de notre héros n'est pas de tout repos. De traversées dans les eaux des Caraïbes, en passant par les pillages, abordages, les rencontres fortuites avec des cannibales, les magouilles des gouverneurs et l'apparition du célèbre Kraken, ce court roman de 350 pages nous balade au cœur de la Jamaïque du 17e siècle et ne semble pas laisser place à l'ennui.
« Chaque fois que des êtres humains se rassemblent des règles de conduite s'établissent. Ces hommes suivent des lois différentes de celles de la cour du Roi Charles, ou du roi Louis, ou même de la colonie du Massachusetts où je suis né. Mais partout, il y a des règles à respecter et des châtiments infligés à ceux qui les enfreignent. »
Malheureusement, et si j'insiste bien sur le "court", c'est parce que l'intrigue a tendance à battre de l'aile et à laisser une ressenti amer de non-aboutissement. On a l'impression que toutes ces actions se contentent d'être glissées les unes à la suite des autres, comme une série de perles qu'on enfile sur un fil sans qu'il y ait forcément de liens entre elles. On se retrouve par conséquent avec un sentiment d'abondance qui n'est pas très agréable à la lecture. Si l'auteur voulait nous en mettre plein la vue, il réussit son coup, mais pas de la bonne façon.
Cependant, après quelques recherches sur le roman, il semblerait que Pirates n'est en réalité jamais été fini, Michael Crichton étant décédé avant de l'achevé... ce qui n'a semblé être qu'un détail pour les éditeurs. Du coup, tout s'explique, on pardonne à l'auteur et on râle contre les maisons d'éditions pour avoir, une fois de plus, voulu saisir une opportunité (qui n'en était pas forcément une finalement)... Enfin, passons.
« Ce fut le commandant Scott qui suggéra de passer par le port afin de s’enquérir du secrétaire. Le carrosse s’avança le plus près possible du débarcadère : le cocher savait que le gouverneur n’aimait pas marcher plus que nécessaire. Il ouvrit la porte ; Sir James descendit avec une grimace de douleur dans l’air fétide du matin. Il se trouva face à un inconnu d’une trentaine d’années à peine qui, comme lui, transpirait sous son pourpoint. Le jeune homme s’inclina avec respect. »
Passons, car tout n'est bien évidemment pas à jeter dans ce roman ! Si le format plutôt court a des inconvénients, il permet cependant de lire le livre assez vite et de ne pas avoir le temps de s'ennuyer entre deux pages. Edward Hunter, notre protagoniste, est un forban plutôt plaisant à découvrir et la clique très hétéroclites de personnages qui le suivent est assez sympathique. Malgré le fait qu'ils ne soient travaillés qu'en surface et qu'on en sache en définitive très peu sur eux, leur personnalité marque et on s'attache même à certains d'entre eux (j'ai eu une petite préférence pour Lazue, jeune femme pirate pleine de vivacité que j'aurais vraiment aimé pouvoir découvrir de manière plus approfondie).

En laissant de côté l'histoire qui aurait mérité d'être étoffée, le style fluide, les quelques descriptions très imagées et les dialogues dont le parlé et l'acerbité de certains prêtent vraiment à sourire (bah oui, ce sont des pirates tout de même !) permettent à écriture de Michael Crichton d'être plutôt agréable à lire. Du coup, je ne reste pas forcément sur une mauvaise impression concernant l'auteur. Mais il est certain qu'il faudra que je lise autre chose de lui (ça ne devrait pas poser de soucis, j'ai plusieurs de ses romans qui attendent d'être lus sur mes étagères). Une lecture à double tranchant donc et, si elle ne fut pas totalement convaincante, qui me permet au moins de valider une des destinations du Challenge Voyage.




Destinations validées : 3/40 
Points gagnés : 3/76 
Livres lus : 3


samedi 18 juillet 2015

[Film] Victoria de Sebastian Schipper

Allemand - 2h14
Sortie en France le 1 juillet 2015
Avec : Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski

Victoria est une jeune danseuse espagnole qui rencontre lors d'une soirée dans un club, quatre hommes prénommés Sonne, Boxer, Blinker et Fuß. Sonne et Victoria se rapprochent et flirtent ensemble jusqu'au moment où ils sont interrompus par les autres, en raison d'une affaire importante à régler. Victoria se retrouve alors aux commandes pour les emmener sur le lieu de rendez-vous. Ce qui devait être une soirée normale va finalement devenir une nuit bien sombre et dangereuse.

17/20


L'histoire en elle-même reste sur des bases plutôt classiques. À la sortie d'une boîte de nuit à Berlin, Victoria se fait aborder par un jeune berlinois, Sonne, qui l'entraîne, avec ses trois autres amis Boxer, Blinker et Fuss, dans une virée nocturne dont aucun ne sortira indemne. Une rencontre, une nuit, une errance plutôt bonne enfant qui prend doucement des allures de cauchemars. Le thriller se met progressivement en place et j'ai beaucoup apprécié le travail sur le rythme de l'histoire. Rien ne semble bâclé ou survolé, chaque élément est à sa place, dure le temps qu'il faut... pour que ça semble le plus réel possible. Car, à la sortie du film, c'est surtout ce qui frappe : un réalisme à couper le souffle. Il faut dire que Sebastian Schipper met la barre très haut en utilisant un procédé qui semble complètement dingue sur une si longue durée : le plan séquence. Victoria est un long plan séquence de 2h14 et ça fait son petit (grand !) effet.




Le procédé est plus qu'osé et on comprend aisément qu'il ait fallu trois essais avant de réussir à obtenir le résultat que l'on peut découvrir sur écran. Mais il paye par son audace et par son pouvoir immersif. Des premières minutes du film jusqu'au générique, le spectateurs est scotché à l'écran J'ai rarement été aussi absorbée par un film. Alternant les moments d'errances et d'actions, la musique (qui est d'ailleurs vraiment chouette) et les grands silences, les personnages évoluent dans un Berlin nocturne, s'engluant dans la drogue et l'alcool au fur et à mesure que la nuit prend un tournant décisif.
Durant tout le film, on se retrouve au cœur même de l'histoire, au plus près des personnages. On a d'ailleurs souvent l'impression d'être en caméra embarquée et d'avoir l’œil directement dans l'objectif. Résultat, on vit réellement le film.
Et si l'immersion est si réussie, c'est également grâce aux prestations des acteurs. Se faire filmer durant plus de deux heures et réussir à être si convainquant d'un bout à l'autre, le défi était de taille.  Ils arrivent à se montrer si naturels, si spontanés que décidément, on y croit tout à fait !




Du coup, on est transporté, baladé d'un bout à l'autre de Berlin, on se prend d'affection pour cette bande de personnages qu'on n'apprend pourtant jamais à connaître tout à fait et on prend vraiment à cœur tout ce qui peut arriver. Je suis ressortie du cinéma avec des frissons collés à la peau, et les 40° qu'ils faisaient dehors n'y ont strictement rien changé. Le film aurait peut-être même mérité de passer devant Taxi Téhéran à la Berlinale 2015, car si ce premier est très bon (et que son concept mérite également d'être souligné pour son originalité), il m'aura en définitive, bien moins marqué. Victoria est incontestablement un de mes premiers vrais coup de cœur de l'année !





jeudi 2 juillet 2015

[Livre] Le premier jour de Marc Levy

Lecture commune du mois de juin sur Booknode, il fallait au moins ça pour me pousser à retenter du Marc Levy. Je n'avais lu qu'un roman de lui, Le voleur d'ombres, et l'histoire ne m'avait pas totalement convaincue. Je partais donc avec des a priori, mais tout de même confiante...

Pocket, 2010 - 494 pages
Date de parution originale : 2009
Un étrange objet trouvé dans un volcan éteint va révolutionner tout ce qu’on croit savoir de la naissance du monde. Il est astrophysicien, elle est archéologue. Ensemble, ils vont vivre une aventure qui va changer le cours de leur vie et de la nôtre.

12/20

Le nom de Marc Levy tend à me laisser songeuse, pourtant, j'étais plutôt confiante à l'idée de me lancer dans Le premier jour : le roman n'avait pas l'air d'être un mauvais compagnon de voyage et, parmi les nombreux aventuriers qui avaient déjà tenté le périple entre ses pages, certains en étaient ressortis satisfaits.
Eh bien, on ne me la refera pas !
« Où commence l'aube ?J'avais tout juste dix ans lorsque, bravant ma timidité maladive, je posai cette question. Le professeur de sciences se retourna, l'air abattu, haussa les épaules et continua de recopier le devoir du jour sur le tableau noir, comme si je n'avais pas existé. Je baissai la tête vers mon pupitre d'écolier, feignant d'ignorer les regards cruels et moqueurs de mes camarades qui n'étaient pourtant pas plus instruits que moi sur la question. Où commence l'aube ? Où s'achève le jour ? Pourquoi des millions d'étoiles illuminent-elles la voûte céleste sans que nous puissions voir ou connaître les mondes auxquelles elles appartiennent ? Comment tout a commencé ? »
Avec Le premier jour, j'ai retrouvé tout ce que je déteste chez Levy. On commence par des dialogues forcés, aucunement spontanés, qui sonnent tellement faux qu'ils en deviennent risibles (sérieusement, vous avez déjà vu des gens se parler de la sorte ?). S'en suit un style laborieux, qui s'encombre de détails complètement inutiles (nous parler de l'ex-femme d'un copain d'Adrian, de son divorce, de son remariage, de son nouveau mari, alors que le copain en question apparaît moins de trois pages dans tout le roman, il faudra m'expliquer en quoi ça peut bien servir l'intrigue). On continue avec des personnages qui manquent de naturel pour parvenir à nous toucher (réactions trop égocentriques et maniérées, des psychologies assez creuses qui manquent de réalisme).
Du coup, l'impression de lenteur qui pointe son nez dès le début du roman finit, malheureusement, par s'installer. Avec ses "seulement" 500 pages, j'ai mis presque un mois à achever ma lecture tant l'écriture de Levy accaparait peu mon attention.
« Je crois qu'une histoire se tisse ainsi, d'une succession de petits instants, jusqu'à vous donner un jour le goût d'un futur à deux. »
À ça s'ajoute la promesse d'une incroyable aventure... qui n'arrive jamais. Je n'ai rien contre l'histoire en elle-même, l'idée m'a en effet beaucoup plu. Cette intrigue évoluant autour d'une quête mêlant histoire, astrologie et une touche de mysticisme aurait pu être passionnante. Simplement, je l'ai trouvé gâchée par trop de facilités et coups de bol, trop de détails, trop de voyages d'un bout à l'autre du monde qui finissent par nous égarer. La merveilleuse quête tant attendue ne démarre jamais vraiment, et finit même en queue de poisson sur l'annonce d'une suite... On reste sur sa faim mais pas assez pour avoir envie de se jeter sur La première nuit, second roman des aventures d'Adrian.
« La vie a bien plus d'imagination que nous tous réunis, elle est parfois porteuse de petits miracle, tout est possible, il suffit d'y croire de toutes ses forces. »
J'adore l’archéologie depuis toute petite, et le roman fut loin de combler mes attentes. Ce n'était pas un mauvais livre, mais il en ressort un tel sentiment de platitude que c'en est décevant. J'ai tout de même tenté (poussée aussi, faut l'avouer, par le fait que le livre pouvait rentrer dans le cadre d'une consigne du Challenge Voyages : celle sur l’archéologie) mais je vais rester sur mes positions concernant Marc Levy, jusqu'à ce quelqu'un essaye de m'en faire lire un nouveau (il faudra être convainquant ^^).



Destinations validées : 2/40 
Points gagnés : 2/76 
Livres lus : 2