samedi 18 juillet 2015

[Film] Victoria de Sebastian Schipper

Allemand - 2h14
Sortie en France le 1 juillet 2015
Avec : Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski

Victoria est une jeune danseuse espagnole qui rencontre lors d'une soirée dans un club, quatre hommes prénommés Sonne, Boxer, Blinker et Fuß. Sonne et Victoria se rapprochent et flirtent ensemble jusqu'au moment où ils sont interrompus par les autres, en raison d'une affaire importante à régler. Victoria se retrouve alors aux commandes pour les emmener sur le lieu de rendez-vous. Ce qui devait être une soirée normale va finalement devenir une nuit bien sombre et dangereuse.

17/20


L'histoire en elle-même reste sur des bases plutôt classiques. À la sortie d'une boîte de nuit à Berlin, Victoria se fait aborder par un jeune berlinois, Sonne, qui l'entraîne, avec ses trois autres amis Boxer, Blinker et Fuss, dans une virée nocturne dont aucun ne sortira indemne. Une rencontre, une nuit, une errance plutôt bonne enfant qui prend doucement des allures de cauchemars. Le thriller se met progressivement en place et j'ai beaucoup apprécié le travail sur le rythme de l'histoire. Rien ne semble bâclé ou survolé, chaque élément est à sa place, dure le temps qu'il faut... pour que ça semble le plus réel possible. Car, à la sortie du film, c'est surtout ce qui frappe : un réalisme à couper le souffle. Il faut dire que Sebastian Schipper met la barre très haut en utilisant un procédé qui semble complètement dingue sur une si longue durée : le plan séquence. Victoria est un long plan séquence de 2h14 et ça fait son petit (grand !) effet.




Le procédé est plus qu'osé et on comprend aisément qu'il ait fallu trois essais avant de réussir à obtenir le résultat que l'on peut découvrir sur écran. Mais il paye par son audace et par son pouvoir immersif. Des premières minutes du film jusqu'au générique, le spectateurs est scotché à l'écran J'ai rarement été aussi absorbée par un film. Alternant les moments d'errances et d'actions, la musique (qui est d'ailleurs vraiment chouette) et les grands silences, les personnages évoluent dans un Berlin nocturne, s'engluant dans la drogue et l'alcool au fur et à mesure que la nuit prend un tournant décisif.
Durant tout le film, on se retrouve au cœur même de l'histoire, au plus près des personnages. On a d'ailleurs souvent l'impression d'être en caméra embarquée et d'avoir l’œil directement dans l'objectif. Résultat, on vit réellement le film.
Et si l'immersion est si réussie, c'est également grâce aux prestations des acteurs. Se faire filmer durant plus de deux heures et réussir à être si convainquant d'un bout à l'autre, le défi était de taille.  Ils arrivent à se montrer si naturels, si spontanés que décidément, on y croit tout à fait !




Du coup, on est transporté, baladé d'un bout à l'autre de Berlin, on se prend d'affection pour cette bande de personnages qu'on n'apprend pourtant jamais à connaître tout à fait et on prend vraiment à cœur tout ce qui peut arriver. Je suis ressortie du cinéma avec des frissons collés à la peau, et les 40° qu'ils faisaient dehors n'y ont strictement rien changé. Le film aurait peut-être même mérité de passer devant Taxi Téhéran à la Berlinale 2015, car si ce premier est très bon (et que son concept mérite également d'être souligné pour son originalité), il m'aura en définitive, bien moins marqué. Victoria est incontestablement un de mes premiers vrais coup de cœur de l'année !





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