samedi 7 mai 2016

[Livre] Room d'Emma Donoghue


LGF - Le livre de poche, 2013
456 pages
Date de parution originale : 13 septembre 2010

Sur le point de fêter ses cinq ans, Jack a les préoccupations des enfants de son âge. Ou presque. Il ne pense qu’à jouer et à essayer de comprendre le monde qui l’entoure, comptant sur sa mère pour répondre à ses questions. Celle-ci occupe dans sa vie une place immense, d’autant plus qu’il vit seul avec elle dans la même pièce, depuis sa naissance. Il y a bien les visites du Grand Méchant Nick, mais la mère fait tout pour éviter à Jack le moindre contact avec lui. Jusqu’au jour où elle comprend qu’elle ne peut pas continuer à entretenir l’illusion d’une vie ordinaire. Elle va alors tout risquer pour permettre à Jack de s’enfuir.
(Source : LGF - Le livre de poche)

16/20

Room (le film de Lenny Abrahamson) étant l'un de mes coups de cœur de l'année, il fallait bien que je jette un œil au roman dont l'histoire est tirée. En plus de ça, le livre est tombé à la Lecture Commune d'avril sur Booknode, je n'avais donc plus aucune excuse pour repousser ma lecture.

Comme j'avais vu le film bien avant de lire le livre, je n'ai pas eu pas de réelle surprise du côté de l'histoire (le long métrage étant globalement très fidèle dans les premières parties du roman), par contre, j'ai beaucoup aimé lire le récit à travers les yeux de Jack. Ce parti-pris m'a un peu surprise au début, je m'attendais plus à avoir le point de vue de la mère ou une alternance entre celle-ci et l'enfant. Et finalement, je suis bien contente que l'auteur ait choisi Jack. J'ai aimé sa vision des choses, très naïve et si conditionnée à l'univers qu'il a toujours connu, ses caprices, ses idées qui semblent tellement farfelues et la façon dont il se heurte à ce Dehors si étrange dont il ignore beaucoup de choses. Ses tics et expressions de langage aussi, qui sont deux des choses qui m'ont vraiment touchée chez lui. Tout ça m'a beaucoup plu. Ça m'a un peu fait penser aux Pays sans adultes d'Ondine Khayat, le côté trop moralisateur et éthéré en moins. Chez Emma Donoghue, tout semblait beaucoup plus réaliste et juste.
« Les forêts existent que dans Madame Télé comme les jungles et les déserts, et aussi les rues, les immeubles et les voitures. Pareil pour les animaux sauf les fourmis, Petite Araignée et Mademoiselle Souris mais elle est partie maintenant. Les microbes existent pour de vrai, comme le sang. Les petits garçons n’habitent que dans Madame Télé mais ils me ressemblent un peu, enfin à moi dans Monsieur Miroir où j’existe pas en vrai non plus, juste en image. »
La façon dont est construite l'histoire permet de bien s'immerger dans la vie de Jack et de sa maman. On nous introduit en douceur dans leur petit microcosme, et j'ai beaucoup apprécié la façon dont le récit évolue par la suite. C'est un des détails qui me concilie avec le roman, parce que, souvent, j'ai cette impression de "trop vite" qui s'installe, comme si, brusquement, les personnages d'un livre se réveillaient lorsque leur histoire commence alors qu'ils vivent plus ou moins de la même façon depuis des lustres. Je trouve que l'élément déclencheur est assez bien amené ici. Ça semble logique (ça l'est) et renforce le sentiment de réalisme qui se dégage du récit.
« Avant j'avais pas l'idée de vouloir sortir, ma tête était trop petite pour y mettre le monde de Dehors alors j'imaginais pas qu'il existait. Quand j'étais tout petit je pensais comme un petit mais maintenant que j'ai cinq ans, je sais tout. »
Si j'ai adoré Room dans ses premières parties, je suis cependant un peu plus réservée pour la suite et la fin du roman, pour tout ce qui touche au Dehors. C'est intéressant de voir la façon dont Jack s'adapte à son nouvel environnement, mais je n'ai pas trouvé ça aussi touchant que lorsqu'on le suivait lors de sa captivité, et les réactions des autres personnes autour de lui tendaient même à m'agacer. En plus, cette partie diverge beaucoup du film, donc ça m'a un peu déstabilisée. Je ne sais pas si c'est du au fait d'avoir vu le film en premier, mais j'aime moins la façon dont ces moments sont abordés dans le livre finalement. C'est moins poignant.
« "Vous avez pris une décision que certains experts qualifieraient d'étrange ; vous avez enseigné à Jack que le monde mesurait environ trois mètres sur trois et que tout le reste -tout ce qu'il voyait à la télé ou entendait raconter dans ses quelques livres- était purement imaginaire." »
La fin du livre a beau m'avoir un peu moins captivée, Room reste néanmoins une très chouette découverte. Un roman poignant, frappant, qui ne laisse pas insensible. Comment rester de marbre face à la façon dont ce petit garçon de cinq ans appréhende le monde ou face au courage incroyable dont fait preuve sa mère ? Les psychologies des personnages étant en plus de ça vraiment travaillées, le roman permet de réfléchir sur les difficultés endurées par ceux-ci, sur leur évolution et sur la façon dont la société moderne fonctionne aussi (le regard qui est parfois porté sur la mère et la façon dont elle a élevé son fils m'a profondément dérangée). Une lecture dont on ne sort certainement pas indifférent. 




mardi 3 mai 2016

[Film] Nos souvenirs de Gus Van Sant

Américain - 1h50
Année : 2016
Sortie en France le 27 avril 2016
Avec : Ken Watanabe, Matthew McConaughey, Naomi Watts
Titre VO : The Sea of trees

Un Américain et un Japonais se rencontrent dans la "Forêt des suicides" au Japon, là où ceux qui souffrent trop pour continuer à vivre, mettent fin à leurs jours. Mais au lieu de se tuer, le duo se lance dans un voyage initiatique à travers cette forêt... 
(Source : Allociné)

16/20

Il y a quelques semaines, on m'a (quasiment) mise de force devant Last Days de Gus Van Sant, c'était ma première approche du réalisateur depuis Elephant et, si j'aime l'approche contemplative du réalisateur, j'avoue que je gardais une impression très ennuyeuse de ces deux films (Last Days n'ayant pas aidé avec sa trame vraiment très très lente).
Et puis il y a quelques jours, Nos souvenirs, le dernier long métrage de Van Sant, pointe le bout de son nez, avec au casting Matthew McConaughey, Ken Watanabe et Naomi Watts... Trois acteurs que j'aime beaucoup, un réalisateur qui malgré tout continue de m'intriguer et un synopsis qui parle de la forêt Aokigahara, la tristement célèbre forêt des suicides, l'un des lieux au Japon qui me fascine le plus. Il ne m'en a pas fallu plus pour attiser mon envie et ma curiosité !



Nos souvenirs est une histoire à deux temps, qui jongle du passé au présent pour nous reconstruire les derniers mois d'Arthur Brennan et expliquer sa présence à Aokigahara. Les souvenirs laissent place aux scènes dans la forêt, puis à d'autres souvenirs. Avec son atmosphère fantasmagorique, ses arbres tordus et ses légendes obscures, j'ai trouvé qu'Aokigahara était un lieu totalement en osmose avec la réalisation de Gus Van Sant. Ça se marie à la perfection avec le style lent et contemplatif du réalisateur, à cette aura un peu mystique qui englobe les longs silences dont il sait si bien ponctuer ses films.



Le film possède de nombreuses longueurs mais qui s'accueillent plaisamment plus qu'elles ne se subissent. Des plans de la forêt dans la brume ou du soleil qui joue dans le feuillage des arbres en passant par les dialogues (parfois silencieux) qui prennent leur temps, rien ne m'a ennuyé dans Nos souvenirs. Au contraire, on se laisse saisir par le calme, l'élégance et la poésie de l'histoire, par les nombreuses symboliques qui se recoupent, donnant à la trame des allures de conte initiatique ou de cheminement existentiel sur fond de rédemption.



Certains reprocheront sans doute à Gus Van Sant d'être tombé dans la facilité avec un cheminement parfois trop évidement et un côté allégorique poussé à l'extrême, pour ma part, je n'ai eu aucun mal à me plonger dans les souvenirs d'Arthur Brennan ou à me perdre à ses côtés dans Aokigahara (et il faut dire qu'il est difficile de ne pas se laisser embarquer par un personnage interprété par Matthew McConaughey, c'est un acteur qui dégage énormément et qu'il est fascinant de voir jouer). En tout cas, Nos souvenirs est le film qui me réconcilie avec le réalisateur (Peut-être pour l'avoir trouvé plus acceccible ? Peut-être pour Aokigahara ? Peut-être parce que je suis une inconditionnelle des quêtes existentielles pleines de symboliques ?) et qui me donne envie d'aller découvrir d'autres de ces films le plus rapidement possible.



lundi 25 avril 2016

[Livre] Une histoire d'hommes de Zep

Rue de Sèvres, 2013
62 pages
Date de parution originale : 10 septembre 2013

Après s'être séparés plusieurs années auparavant, une bande de copains membres d'un groupe de rock se retrouvent chez l'un d'eux, Sandro. Certains ont réussi, d'autres moins. Au détour de flash-back sur les concerts, la drogue, les amours passagères, ils comprennent les événements mal perçus à l'époque et découvrent que quelque chose de plus fort que la musique unit certains d'entre eux.
(Source : Rue de Sèvres)

15/20

De Zep, je ne connais que Titeuf et ses bêtises de petit garçon qui veut agir comme un adulte. Un sacré bond en avant donc avec cette histoire d'hommes présentée avec une pointe de déconnade certes, mais aussi beaucoup plus de sérieux et de maturité.

On découvre cette bande d'amis autrefois membre du même groupe de rock qui décident de se retrouver des années après s'être perdu de vue. Du présent au passé, de souvenirs en flash-back, on découvre leur succès, leur histoire, leur séparation et bien sûr, leur évolution. Comment grandit-on, comment évolue-t-on en tant qu'homme ? Les différentes façons de le devenir et toutes les difficultés et questions qui vont avec.



J'ai beaucoup aimé les personnalités des différents personnages, du mec déconneur resté un grand gosse dans sa tête, au sérieux de la bande, devenu mari et père de famille en passant par le casanier solitaire, qui n'a jamais vraiment changé depuis.



Le ton de Zep est très juste, détaché en toute occasion en apparence, mais plus grave en réalité lorsque c'est nécessaire. J'ai aimé découvrir ce fragment de vie des personnages, sans avoir besoin de tout savoir de leur existence, juste de les prendre en cours de route à cet instant précis de leur vie qui se dessine comme une sorte de tournant dans leur chemin à tous, le moment de tout mettre à plat, d'avancer et de repartir sur un nouvel horizon. 

Cette immense mise au point m'a vraiment plu, c'est rafraîchissant dans l'univers de Zep et son style habituellement plus jeunesse ou comic book. Son trait beaucoup plus affiné, les couleurs pastels qui colorent ses planches et son ton plus adulte et mature font de cet album one-shot une chouette surprise.




vendredi 1 avril 2016

[Livre] Hakaiju, Tome 1 de Shingo Honda

Tonkam, 2011
224 pages
Date de parution originale : 6 août 2010

Titre VO : ハカイジュウ, Hakaijū

Tachikawa, périphérie de Tokyo. Akira Takashiro était un lycéen comme les autres, titulaire dans l'équipe de basket. La journée se passait plutôt bien, même très bien... Mais, un peu avant midi, un tremblement de terre a secoué toute la ville. Akira a été témoin de la destruction de son école. Maintenant, les cadavres de ses camarades de classe l'entourent... 
Et lui-même est attaqué... 
(Source : Delcourt)

15/20

Depuis mon périple dans la Spirale horrifique de Junji Ito (qui est devenu, en ce qui me concerne, le maître du genre), je suis restée sur ma faim niveau horreur dans les mangas. Le synopsis d'Hakaiju me semblait assez prometteur pour tenter le coup. Et je suis plutôt satisfaite de m'être lancée.


Ce premier tome est assez classique dans sa trame, on se retrouve avec un poignée de protagonistes relativement banaux dont le petit quotidien tranquille vole en éclat lorsque apparaissent d'horribles monstres venus d'on-ne-sait-où. 


Le synopsis est plutôt juste jusque là, à partir de ce moment, les personnages vont tenter de survivre... en courant dans tous les sens pour échapper à la menace. 
Une chose est certaine, c'est que le rythme est bien tenu et que de bâtiments en rues et de monstres en monstres, les pages s'enchaînent sans nous laisser le temps de nous ennuyer. Et puis, il faut dire que l'ambiance est délicieusement gore avec ses cadavres plus ou moins démembrés étalés ça et là, et que les fameux monstres sont tous plus effroyables et minutieusement travaillés les uns que les autres. 

Ce premier tome fait donc bien son travail et, malgré un début assez peu original dans le genre survival horror, on prend plaisir à découvrir l'histoire, à la suivre. Et, bien sûr, on ne demande qu'à savoir la suite !