mercredi 17 août 2016

[Livre] En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeaut

Finitude - Janvier 2016
160 pages
Date de parution originale : 7 janvier 2016

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
(Source : Finitude)

16/20

En attendant Bojangles est une ode à la vie, à la joie, au non-commun. C'est une histoire qui s'incarne dans une excentricité, l'excentricité d'une famille vue à travers les yeux d'un petit garçon pour qui cette originalité qui fait son univers est des plus banales.
« Son comportement extravagant avait rempli tout ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l'horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l'avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m'en imprégner, mais je craignais qu'une telle folie douce ne soit pas éternelle. Pour elle, le réel n'existait pas. »
On se laisse porter dans ce trio familial, dans leurs habitudes, leurs manies. Tout est cocasse dans leur façon de vivre. De leur liberté à partir en vacances quand ils le souhaitent, à Mademoiselle Superfétatoire, la grue de Namibie qui vit avec eux et adore la lecture, en passant par la mère qui change de prénom tous les matins. Et au milieu de tout ça ? Un enfant : le narrateur.

Olivier Bourdeaut nous propose un récit d'enfance entrecoupé d'extraits d'une sorte de journal intime écrit par le père de celui-ci. On suit les prémices et la construction de cette drôle de famille en parallèle de sa routine quotidienne qui n'a rien pourtant strictement rien de routinière !
« Le temps d'un cocktail, d'une danse, une femme folle et chapeautée d'ailes, m'avait rendu fou d'elle en m'invitant à partager sa démence. »
Les émotions se mélangent, s'alternent tout au long du récit. On est amusé par le drôle de trio (de quatuor, en comptant Mademoiselle !) tout en étant touché par la tournure dramatique que peut parfois prendre la vie. Le ton d'Olivier Bourdeaut semble toujours juste, à la fois naïf, tendre et pourtant, emprunt d'une certaine gravité qui transparaît de plus en plus à mesure que l'histoire progresse.
« Puis, lorsque le dernier quartier ensoleillé disparaissait derrière le sommet de la montagne, Bojangles retentissait, porté dans l'atmosphère par la voix douce et chaude de Nina Simone. C'était tellement beau que tout le monde se taisait pour regarder Maman pleurer. »
Avec ses 160 pages, En attendant Bojangles est un court roman marquant, une petite perle d'originalité pleine de névrose et d'amour qui se dévore le temps d'une valse, comme une grande bouffée de fraîcheur.




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