dimanche 28 août 2016

[Livre] Riquet à la Houppe d'Amélie Nothomb

Albin Michel - Août 2016
198 pages
Date de sortie originale : 17 août 2016

« L’art a une tendance naturelle à privilégier l’extraordinaire. »
Amélie Nothomb

15/20

Chaque année, c'est le même rituel, on garde un oeil sur les sorties littéraires d'août pour voir la tête du nouveau roman d'Amélie Nothomb. Si je dois avouer que ces dernières années, les nouvelles parutions de l'auteure ont eu tendance à me laisser de marbre, cette fois-ci, la surprise est au rendez-vous !
« Les gens ne sont pas indifférents à l’extrême beauté : ils la détestent très consciemment. Le très laid suscite parfois un peu de compassion ; le très beau irrite sans pitié. La clef du succès réside dans la vague joliesse qui ne dérange personne. »
Riquet à la houppe, comme son titre le laisse entendre, est la réécriture d'un conte (de Charles Perrault pour être précise). Si l'auteure a déjà utilisé ce procédé (notamment avec Barbe-Bleue), on la retrouve ici avec un nouveau roman dans la veine de ses premières histoires et qu'est-ce qu'il est plaisant de retrouver la Amélie Nothomb de ses débuts !

J'ai adoré suivre la naissance et l'évolution de ses deux personnages principaux, Trémière et Déodat, découvrir la drôle de mythologie qui semble se tisser autour de leur vie tout en gardant un pied dans l'air moderne d'aujourd'hui. Amélie Nothomb est toujours très forte pour donner un côté intemporel à ses histoires en les situant cependant dans le monde actuel. 
« Certaines personnes avaient pitié de la toute petite fille qui vivait seule dans cette ruine avec une sorcière. Elles devaient pourtant admettre qu’elle semblait heureuse et en bonne santé. "L’enfance est un miracle", pensait-on. "On peut partager le quotidien d’une vieille folle et s’en accommoder." »
L'auteure, qui nous a déjà prouvé mainte et mainte fois qu'elle maîtrise l'art du discours, utilise ici le procédé plus discrètement. On ne se perd pas dans de longs échanges entre les personnages. Les discours sont plus souvent intérieurs, les points de vue internes, ce qui laisse place à un récit plus prenant. On retrouve cependant toujours le ton incisif de l'auteur dans ses différentes analyses sur la nature de l'humain, et ici sur la question de la beauté, de l'art, de l'intelligence. Mais plutôt que de nous présenter ses analyses dans de longues dissertations qui plombent le rythme et enlisent dans la lecture, elles servent ici le récit et sont habilement disséminées dans celui-ci. La lecture est donc très agréable : on retrouve ce qu'on adore chez l'auteur, son style et son ton si particulier, mêlés à une histoire prenante pour laquelle on se prend vraiment d'intérêt.
« Pour qui aime, découvrir que l’aimée porte un prénom admirable équivaut à un adoubement. »
Construit comme une drôle d'oxymore disproportionnée, on prend plaisir à se plonger dans ce de conte à la fois cynique et poétique où la beauté côtoie la laideur, où l'absurde se mêle au pragmatique. Un bon nouveau roman dans la lignée des premiers roman d'Amélie Nothomb.






1 commentaire:

  1. Cela fait un moment que Nothomb me laisse également de marbre, pour reprendre tes mots. Je m'étais donc dis d'arrêter de perdre mon temps (bien que vu la petitesse de ses récits on n'en perd pas tant que cela) à lire ses livres mais ici tu attire quand même ma curiosité avec cette critique positive...
    Le dernier de ses livres que j'ai pu apprécier était "acide sulfurique".

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