lundi 29 février 2016

[Actualité] Nuit de la 88e Cérémonie des Oscars 2016

La 88e Cérémonie des Oscars a eu lieu hier soir aux USA et dans la nuit de dimanche à lundi pour nous en France (décalage horaire oblige). Il aura fallu passer une nuit blanche pour pouvoir la regarder en direct, mais une nuit blanche qui en valait certainement la peine !


Beaucoup des films en lice m'avaient plu cette année et j'ai été ravie de voir les récompenses dispersées entre plusieurs films plutôt que concentrées sur un seul comme ça avait pu être le cas l'an dernier avec Birdman d'Inarritu. 
Pas moins de 6 Oscars pour le
 reboot et quatrième opus
de la saga de George Miller
Malgré l'humour de Chris Rock, le Maître de Cérémonie, la soirée a eu une forte dimension politique (portée par la polémique sur le manque de diversité des nominés aux Oscars). Du racisme, au réchauffement climatique en passant par la pédophilie et les agressions sexuelles, les discours engagés furent au rendez-vous et se reflètent d'ailleurs dans le palmarès. Que ce soit Spotlight de Thomas McCarthy (traitant, on vous le rappelle, du scandale des affaires de pédophilie impliquant l'Église) récompensé du Meilleur scénario originale et (avec surprise) du très attendu Oscar du Meilleur Film, Mad Max : Fury Road de George Miller qui repart avec 6 Oscars techniques (décors, costumes, montage son, mixage son, maquillages et costumes, montage) dont l'histoire et son futur post-apocalyptique rappellent ce que les hommes pourraient faire de la planète, ou encore Léonardo DiCaprio, ENFIN sacré de l'Oscar du Meilleur Acteur pour son rôle dans The Revenant d'Alejando G. Inarritu (remportant quant à lui le Meilleur Réalisateur !), qui n'oublie pas de consacrer une partie de son discours à la nécessité de prendre soin de notre monde et de son écologie, les acteurs et films nominés ce soir avaient tous des messages à faire passer.

« Let us not take this planet for granted ; I do not take tonight for granted. »
Pour le reste du palmarès, Brie Larson remporte l'Oscar de la Meilleure Actrice pour son rôle de mère dans Room de Lenny Abrahamson (dans lequel on retrouve aussi le jeune Jacob Tremblay, qui aurait vraiment mérité une nomination tant il est excellent dans le film), Alicia Vikander gagne le Meilleur second rôle féminin pour The Danish Girl de Tom Hooper (où elle est fantastique aux côtés d'Eddie Redmayne, même si je dois avouer la trouver fantastique dans chacun de ses films), Mark Rylance se voit attribuer le Meilleur second rôle masculin dans Le Pont des Espions de Spielberg (un choix qui me déçoit un peu, je trouve l'acteur bon dans son rôle, mais trop peu présent pour mériter un Oscar, j'aurais préféré voir récompensé Mark Ruffalo pour son rôle plein d'enthousiasme dans Spotlight).
Côté film, Vice-Versa de Pete Docter et Ronaldo Del Carmen remporte l'Oscar du Meilleur Film d'animation (victoire trop attendue, même si j'adore ce long-métrage, les films d'animation en lice cette année étaient très bons, j'aurais aimé voire autre chose qu'un Pixar sacré d'un Oscar), The Big Short d'Adam McKay gagne le Meilleur scénario adapté (chose qui me passe un poil au-dessus de la tête vu que je n'ai vraiment pas aimé ce film et son sujet) et Mustang de Deniz Gamze Ergüven repart bredouille au profit du Fils de Saul de Laszlo Nemes (qu'il faut vraiment que je voie !) qui gagne la récompense du Meilleur film étranger.

Le casting de Spotlight, Oscar du Meilleur Film 2016
À noter que l'Oscar de la Meilleur Photographie est allé à Emmanuel Lubezki pour son travail dans The Revenant, chose tout à fait méritée vu la qualité des images présentes dans le film, et qu'Ex-Machina d'Alex Garland ne repart pas sans rien puisque l'Oscar des meilleurs effets visuels lui est attribué.

L'Ours de The Revenant s'invite aussi à la Cérémonie
En bref, beaucoup d'Oscars mérités cette année, du surprenant (Spotlight), de l'attendu depuis longtemps (DiCaprio), un retour de force (Mad Max), des parodies de films très amusantes, beaucoup d'ironie sur le racisme (pour essayer de faire passer la pilule plus facilement) et de messages sur l'avenir de notre planète, la présence de l'ours de The Revenant dans la salle, et une très belle standing ovation pour Ennio Morricone qui, à 87 ans, se voit enfin récompensé d'une statuette pour sa musique dans Les huits Salopards de Quentin Tarantino.

Si l'avenir de notre monde est loin d'être brillant, on peut au moins se rassurer, celui du cinéma a encore de beau jour devant lui !




samedi 27 février 2016

[Actualité] Un œil du côté des Césars 2016

Depuis trois ans, c'est devenu une sorte de jeu : attendre la Cérémonie des Césars, la regarder, râler devant, trouver certaines parodies ridicules, d'autres extrêmement drôles, rigoler, être touchée, être contente de certaines victoires, déçue par d'autres, découvrir des films, des acteurs... bref, vous avez saisi l'idée. 

Cette année, les Césars se déroulaient le 26 février et, bien sûr, cette 41e Cérémonie ne dérogeait pas à la règle, et grosso modo, fut également un condensé d'un peu tout ça. Il faut dire que les Césars ne sont plus aussi formels qu'avant, la soirée est bien foutue et assez dynamique, surtout avec Florence Foresti, assez rigolote, en maîtresse de Cérémonie. Cependant, et globalement, je dois avouer être plus déçue que satisfaite des résultats finaux. 

Foresti, au top en Maîtresse de cérémonie déjantée
Pour pouvoir me faire une idée (et râler ou être satisfaite en bonne et due forme), j'avais vu la plupart des films en compétition avant, j'avais donc déjà mes films favoris et ceux pour lesquels mon avis était plus mitigé. 
Arnaud Desplechin
J'ai été très contente de voir Rod Paradot (très bouleversant dans son discours de remerciement) récompensé par le César du Meilleur espoir masculin pour son rôle dans La Tête Haute. Il y livre une chouette prestation, sous la direction d'Emmanuelle Bercot, également nominée ce soir-là pour la récompense de la Meilleur actrice dans Mon Roi. Le film de Maïwenn faisait d'ailleurs parti de mes favoris, tout comme Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin, qui repart avec le César du Meilleur réalisateur, Mustang de Deniz Gamze Ergüven qui finit, entre autres, lauréat des Césars du Meilleur premier film et Meilleur scénario original, et Nous trois ou rien de Kheiron, nominé une fois seulement, et qui repart sans récompense.
Si je suis très contente de voir Mustang et Arnaud Desplechin récompensés, je suis assez déçue pour la quasi absence du film de Kheiron parmi les nominés (ce film m'avait fait vibrer), ainsi que pour les acteurs de Mon Roi (Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot, percutant tous les deux dans leur rôle) qui repartent finalement bredouille, tout comme les deux jeunes acteurs, que j'ai découvert dans Trois souvenirs de ma jeunesse, Lou Roy-Lecollinet et Quentin Dolmaire dont je suis complètement tombée sous le charme dans le film.

Rod Paradot - Meilleur espoir masculin
Pour le reste des acteurs lauréats, Vincent Lindon finit Meilleur acteur pour La Loi du Marché de Stéphane Brizé, Catherine Frot gagne la Meilleur actrice pour Marguerite de Xavier Giannoli, Benoit Magimel remporte le Meilleur second rôle masculin pour La Tête haute d'Emmanuelle Bercot, Sidse Babett Knudsen se voit attribuer le Meilleur second rôle féminin pour L'Hermine de Christian Vincent et le Meilleur espoir féminin va à Zita Hanrot pour son rôle dans Fatima de Philippe Faucon.

Meilleur film
Du côté des films, on en vient d'ailleurs à Fatima, sacré des Césars de la Meilleure adaptation et du Meilleur film, l'une des récompenses les plus attendues, et celle qui me déçoit le plus. J'avais vu le film un peu avant, et, me concernant, c'est l'un des films qui m'a fait le moins forte impression parmi tous ceux en lice. Si je ne lui enlève pas sa volonté de faire passer un message important, je trouve son scénario un peu trop lisse, sans réelle prise de risque.
Pour l'animation, j'ai été ravie de voir Le Repas dominical de Céline Devaux récompensé en tant que court-métrage (avec la merveilleuse voix de Vincent Macaigne en narrateur) et Le Petit Prince de Mark Osborne sortir vainqueur pour les long-métrages.
À noter également que Birdman d'Inarritu rafle le César du Meilleur film étranger, ce qui rajoute une récompense de plus au déjà long palmarès du film.

Meilleur premier film
Ce qu'on peut retenir de cette soirée ? Globalement, les films engagés plaisent, le palmarès est très hétérogène concernant les films récompensés (des Césars par ci, par là, mais avec peu de films dépassant les 4 récompenses, on est loin du carton fait par Tumbuktu l'an passé), la version filles de la série Bloqués fonctionne très bien, Michael Douglas a la classe, le discours de Rod Paradot a du faire fondre les plus endurcis et l'humilité de certains acteurs comme Benoît Magimel impose clairement le respect.

Il ne reste désormais plus qu'à attendre les Oscars (dans la nuit de dimanche à lundi) pour voir si Inarritu peut également faire un carton avec son nouveau film The Revenant ou savoir si Mustang, représentant de la France dans la catégorie Meilleur film étranger, finira ou non lauréat.
 En espérant être un peu moins déçues des résultats cette fois !









samedi 20 février 2016

[Actualité] Disparition de la romancière Harper Lee

La romancière Harper Lee est décédée le 19 février 2016 à Monroeville dans l'Alabama à l'âge de 89 ans.

Photo: Christy Bowe/Globe Photos/ZUMAPRESS.com

Si son nom vous dit forcément quelque chose, ce n'est pas grâce à sa longue bibliographie que vous connaissez peut-être l'auteur. En effet, depuis la parution de son premier roman, To Kill a Mockingbird (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur) en 1960, l'auteur s'est montrée très discrète et n'a publié aucun autre livre. Pour la voir réapparaître dans les rayonnages de nos librairies, il aura fallu attendre 55 ans avec la parution en juillet 2015 de Go Set a Watchman (Va et poste une sentinelle), un manuscrit écrit dans les années 50 faisant suite à l'histoire de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur et qui ne fut retrouvé qu'en 2011. S'il ne fut publié qu'en second, il s'agit pourtant du premier vrai roman de l'auteur, qui s'était vue refuser sa publication par son éditeur. C'est en modifiant son histoire qu'avait finalement vu le jour Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, un récit d'apprentissage différent reprenant les mêmes personnages plus jeunes et dont plusieurs éléments de l'histoire s'inspirent directement de la propre enfance d'Harper Lee.


Quelques petites choses sur le roman :
- En France, il fut publié sous trois titres différents : Quand meurt le rossignol (1961), Alouette, je te plumerai (1989) et Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur (2005).
- Il fut adapté au cinéma par  Robert Mulligan en1962 sous le titre Du silence et des ombres.
- Il fut écrit après sa suite Va et poste une sentinelle.



Malgré sa très courte bibliographie, le succès de son premier roman, récit sur le racisme et les préjugés récompensé du Prix Pulitzer en 1961 et devenu un classique de la littérature américaine avec ses 40 millions d’ouvrages vendus à travers le monde, fait d'Harper Lee l'un des auteurs incontournables du XXe siècle.

Nous organisons une Lecture Commune sur Booknode à l'occasion de la disparition de l'auteur, dans laquelle nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir l'auteur ensemble par la lecture de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Tout le monde y est le bienvenue pour discuter du roman et d'Harper Lee !






samedi 23 janvier 2016

[Film] Anomalisa de Duke Johnson et Charlie Kaufman

Américain - 1h30
Année : 2015
Sortie en France le 3 février 2016
Avec : David Thewlis, Jennifer Jason Leigh, Tom Noonan

Michael Stone, mari, père et auteur respecté de « Comment puis-je vous aider à les aider ? » est un homme sclérosé par la banalité de sa vie. Lors d'un voyage d'affaires à Cincinnati où il doit intervenir dans un congrès de professionnels des services clients, il entrevoit la possibilité d’échapper à son désespoir quand il rencontre Lisa, représentante de pâtisseries, qui pourrait être ou pas l’amour de sa vie…
(Source : Allociné)

16/20

Anomalisa est un film d'animation, mais un film d'animation pour adulte et en stop motion. C'est un procédé qui me rend toujours un peu réticente, le rendu n'est pas toujours très subtil, c'est parfois (souvent) voulu et d'une certaine façon, c'est ce que j'apprécie dans ce genre de film. À côté de ça, je suis assez portée sur le visuel des films d'animation, il se peut donc que ça me rebute. Récemment, j'ai vu Le Sens de la vie pour 9,99 $ de Tatia Rosenthal, et si j'avais beaucoup aimé l'idée et l'histoire, l'esthétique du film manquait un peu d’attrait et c'est à ce détail que je craignais de me heurter ici. Or, ce ne fut pas du tout le cas. Je suis tout de suite tombée sous le charme du visuel d'Anomalisa. Les décors sont très réalistes, plein de détails minutieusement mis en place. Les faciès des personnages sont complètement dingues et la façon dont ils sont mis en mouvement les rend totalement vivants. Le doublage est également excellent, et les voix de David Thewlis, de Jennifer Jason Leigh et de Tom Noonan (les trois seules du film) permettent de compléter l'illusion. Les personnages sont en vie, il ne reste plus qu'à suivre leur histoire.


Anomalisa est une sorte de grande fable moderne sur la solitude, la nostalgie et l'amour. Michael Stone, est un quarantenaire englué dans la monotonie. Le film débute plus ou moins par l’atterrissage d'un avion et se termine par le décollage d'un autre. Seulement 24h dans la vie d'un homme, mais 24h qui semblent pouvoir bouleverser beaucoup de choses. Michael arrive à Cincinnati pour une conférence, et c'est dans l'hôtel où il décide de passer la nuit que l'histoire se joue. De rencontre en rencontre (une ex, d'abord puis ensuite, cette fameuse "Anoma"Lisa), Michael se confronte à ses regrets, à la banalité de sa vie, à son impuissance à la changer. Débarque alors une inconnue, Lisa avec sa naïveté, son décalage et sa maladresse ; Lisa, l'étincelle qui pourrait tout bousculer. Qui pourrait. 



J'ai beaucoup aimé la finesse avec laquelle les psychologies des personnages sont établies. Les humains sont complexes, la mélancolie, l'insatisfaction, le besoin d'être aimé, le sont tout autant, et c'est ici mis en scène avec un réalisme un peu brut, maladroit, voire fataliste, qui m'a beaucoup plu. Même saupoudrée d'humour, le ton de l'histoire reste emprunt d'une certaine gravité, et ça n'en rend les personnages que plus attachants et le film que plus intelligent.


Ce film  m'a fait passer par tout un tas d'émotions et de ressentis à la fois cohérents et contradictoires. Son histoire est drôle, réaliste, désillusionnée, cocasse, cynique, dérangeante, irréelle, touchante, sensuelle, absurde. Et ça ne dure qu'une heure et demi, pour vous donner une idée de la richesse de son scénario (écrit par Charlie Kaufman de toute façon, il aurait été difficile de s'attendre à moins). Bref, un vrai OVNI cinématographique. Une vraie anomalie du cinéma d'animation qui mériterait bien de passer devant un certain Vice-Versa cette année aux Oscars, ne serait-ce que pour son originalité et pour la surprise de récompenser un film qu'on ne verrait pas d'avance comme vainqueur.