mardi 15 mars 2016

[Livre] Bird Box de Josh Malerman

LGF - Le livre de poche, 2015
384 pages
Date de parution originale : 27 mars 2014

La plupart des gens n'ont pas voulu y croire, les incidents se passaient loin, sans témoins…
Depuis qu'ils sont nés, les enfants de Malorie n'ont jamais vu le ciel. Elle les a élevés seule, à l'abri du danger, sans nom, qui s'est abattu sur le monde. On dit qu'un coup d'œil suffit pour perdre la raison, être pris d'une pulsion meurtrière et retourner sa violence contre soi. Elle sait que bientôt les murs de la maison ne pourront plus protéger ses petits. Alors, les yeux bandés, tous trois vont affronter l'extérieur, et entamer un voyage terrifiant sur le fleuve, tentative désespérée pour rejoindre une colonie de rescapés. Arriveront-ils à bon port, guidés seulement par l’ouïe et l’instinct ?
Un climat de tension habilement instauré, qui vous fera sursauter au moindre bruit. 
(Source : LGF - Le livre de poche)

16/20

Bird Box est un de mes récents coup de cœur. Premier roman du chanteur et guitariste du groupe de rock The High Strung, j'aurais été à mille lieux d'imaginer ce que j'allais découvrir en me plongeant dans le roman. Et pourtant, avec son ambiance apocalyptique, ses personnages attachants et ses bonnes idées pleines d'originalité, il ne m'en a pas fallu plus pour me faire engloutir dans les méandres de l'histoire...
« Dans un monde où l’on ne peut pas ouvrir les yeux, un bandeau ne reste-t-il pas la seule chose à laquelle on puisse aspirer ? »
Les histoires apocalyptiques ne sont plus aussi rares à découvrir en littérature, pourtant Josh Malerman arrive clairement à se démarquer et c'est déjà un point qui change complètement la donne me concernant. Car si les ingrédients de bases sont bien là (l'élément perturbateur, le chaos, les morts, la survie, l'horreur de la situation), ce qu'il y a d'original dans Bird Box, c'est la cause de la fin du monde. Du début à la fin du roman, le lecteur - à l'image des personnages - ignore complètement pourquoi le monde a sombré en pleine apocalypse. Aux côtés d'une jeune femme, Malorie, on suit l'apparition d'un mal étrange qui pousse les gens à tuer avant de se suicider, animés par la folie après avoir vu... eh bien, après avoir vu quelque chose. On parle de créatures le plus souvent, de sorte de monstres dont on ne sait rien, ni l'apparence, ni les intentions, ni même la véritable existence. Ce quelque chose n'est finalement jamais vraiment expliqué, imagé. Il prend corps uniquement dans la terreur que les personnages éprouvent face à cet inconnu si dangereux dont ils ne savent rien. Pour éviter de perdre la raison en apercevant ces monstres, les gens prennent dès lors l'habitude de se bander les yeux, de se calfeutrer chez eux et de ne plus sortir à l'extérieur. 
« C’est la Terre tout entière qui est devenue une prison, tout aussi confinée que les oiseaux dans leur cage dehors. Et Tom, Malorie le comprend, cherche désespérément un moyen d’en ouvrir le couvercle. Un moyen de s’en échapper. Mais comment savoir s’il n’y a pas de deuxième couvercle au-dessus du premier, puis encore un troisième ? Enfermés, s’avise-t-elle. Nous sommes enfermés pour toujours. »
L'histoire prend alors deux dimensions. Celle de l'intérieur, lorsque les personnages sont cachés entre leurs murs, et celle de l'extérieur, lorsque, poussés par le désir de survivre, ils se retrouvent à devoir sortir. Dans les deux cas, on se sent complètement perdus, aveugles nous aussi. Soit on ne voit rien car ils sont aveuglés, soit c'est l'ignorance quant à l'état de la situation qui nous plonge dans l'obscurité. Et surtout, cette absence de connaissance sur ce qu'il se passe vraiment, sur ce qui peut arriver, enrobe toute l'histoire d'une aura sombre et angoissante qui est délectable. J'adore les romans d'horreur, et si Bird Box reste assez léger dans le genre, on peut cependant lui reconnaître un suspense et une atmosphère extrêmement bien maîtrisés qui ne laisseront pas les plus sensibles indifférents.
« Elle avait alors ressenti la brûlure d'une peur panique l'envahir. Rien à voir avec celle qu'une femme peut éprouver à conduire une voiture au pare-brise noirci, non - le genre de peur qui frappe quand, un bandeau sur les yeux, on prend soudain conscience de ne pas être seul dans une pièce. »
Et s'il est si facile d'éprouver un brin d'angoisse face à tout ce qui arrive, c'est également parce qu'on ne peut s'empêcher de s'attacher aux personnages, ainsi que de se mettre à leur place. Tom, Felix, Jules, Olympia. On n'apprend pas tous à les connaître très bien, puisque l'histoire tourne surtout autour de Malorie, pourtant, à travers des détails de leur vie d'avant ou de leur personnalité, on trouve des failles, des aspects profondément humains qui les rendent attachant.

Le résumé du roman était alléchant, pourtant je me méfie toujours un peu de ces quatrièmes de couvertures très aguicheuses qui se trouvent être parfois plus intéressantes que les roman eux-mêmes. Eh oui, quand on a une bonne idée, encore faut-il réussir à l'exploiter. En ce qui concerne Bird Box, le défi est relevé haut la main. De l'écriture en passant par la construction de l'histoire, par la tension constante ou encore par les idées utilisées, tout m'a conquise dans ce thriller. À voir ce que l'auteur nous réserve pour la suite !





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