Les Éditions de Minuit, 2013 170 pages Date de parution originale : 5 septembre 2013 |
La robe en miel était le point d’orgue de la collection automne-hiver de Marie. À la fin du défilé, l’ultime mannequin surgissait des coulisses vêtue de cette robe d’ambre et de lumière, comme si son corps avait été plongé intégralement dans un pot de miel démesuré avant d’entrer en scène. Nue et en miel, ruisselante, elle s’avançait ainsi sur le podium en se déhanchant au rythme d’une musique cadencée, les talons hauts, souriante, suivie d'un essaim d’abeilles qui lui faisait cortège en bourdonnant en suspension dans l’air, aimanté par le miel, tel un nuage allongé et abstrait d’insectes vrombissants qui accompagnaient sa parade.
(Source : Les Éditions de Minuit)
(Source : Les Éditions de Minuit)
14/20
Nue est le quatrième roman de la série
Marie Madeleine Marguerite de Montalte. C'est la conclusion de cette
quadrilogie qui tourne autour d'un même couple, celui formé par le
narrateur et par cette fameuse Marie. J'ai commencé la série il y a
quelques années et j'étais bien décidée à aller jusqu'au bout de
l'histoire (qui me plaît en plus de ça), pourtant je dois avouer
que ce quatrième tome est loin de remplir mes attentes.
En réalité, ce roman aurait très
bien pu se retrouver imbriqué dans La vérité sur Marie, le tome
précédent, sans que cela soit dérangeant. Car en plus d'être très
court, l'histoire se suit réellement comme le prolongement des
événements de La Vérité sur Marie plus que comme un nouveau
chapitre de la vie du couple.
« Et je me rendais compte alors que j'étais en train de ressasser toujours les mêmes visions heureuses, que c'était toujours les mêmes images estivales de Marie qui me venaient en tête, comme filtrées dans mon esprit, épurées des éléments désagréables, et rendues plus attendrissantes encore par l'éloignement temporel qu'elles commençaient à prendre depuis mon retour. »
La façon dont les événements sont
racontés, l'aspect répétitif de l'histoire. Tout nous renvoie au
livre qui précède ce quatrième volet. Alors, d'un côté,
l'impression de miroir est très intéressante (même scénario au
premier abord, mais aboutissement totalement différent au final, les
deux histoires semblent être des échos l'une de l'autre, la
première, comme un négatif de la seconde), mais à la lecture, ça
reste tout de même très répétitif malgré que le style de
Jean-Philippe Toussaint soit toujours aussi plaisant à lire.
Je suis toujours fascinée par la
façon dont le narrateur parle de Marie, de cette femme qu'il connaît
si bien et qu'il semble pourtant toujours redécouvrir. L'écriture
de Toussaint est, me concernant, l'une des premières face à
laquelle je retrouve le sentiment d'amour exposé de façon si
réaliste, si brute et complexe à la fois.
« Il y avait toujours eu, chez Marie, une qualité d'émotion incomparable, qui ne tenait pas tant aux circonstances réelles qui provoquaient ses réactions affectives qu'à cette disposition océanique que j'avais repéré en elle, qui acérait sa sensibilité, l'exacerbait et faisait vibrer ses sentiments avec une intensité hors du commun. »
Si ce dernier tome m'a un peu déçu, dans l'ensemble, j'ai aimé découvrir le cycle de Marie, avec sa construction qui m'a plu, car si la révélation au cœur du roman est assez
prévisible, j'aime la façon dont cet ultime volet permet de clôturer
l'histoire entre Marie et le narrateur et, à la fois, de leur offrir
un nouveau commencement. Pour en comprendre toute la complexité et
tous les aboutissements, il faut vraiment prendre la série (l'année,
puisque chaque tome se rapporte finalement à une saison pour former
une année complète) dans son entièreté, ce que je trouve très
intéressant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire