dimanche 7 juin 2015

[Film] La chanson de l'éléphant de Charles Binamé


Canadien - 1h50
Sortie au Canada le 10 septembre 2014
Avec : Xavier Dolan, Bruce Greenwood, Catherine Keener

Titre Vo : Elephant Song


Un psychiatre est entraîné dans un complexe jeu d'esprit psychologique quand il questionne un patient à propos de la disparition d'une de ses collègues.
14/20

Je ne vais pas m'en cacher, c'est clairement la perspective de pouvoir retrouver Xavier Dolan dans un premier rôle qui m'a donné envie de regarder La chanson de l'éléphant. Du coup, j'ai décidé de voir le film sans même en lire le synopsis. Je ne sais pas ce que je m'attendais à trouver derrière ce drôle de titre, mais certainement pas ce que j'ai eu sous les yeux au final !

Le film débute dans un hôpital psychiatrique, le lendemain de la disparition du Dr. Lawrence, un des thérapeutes travaillant dans l'établissement. Le Dr. Green, un collègue psychiatre du disparu, décide de s'entretenir avec Michael, le dernier patient à avoir eu rendez-vous avec Lawrence. Commence alors la confrontation.


Le thriller se construit d'abord autour de cette mystérieuse disparition, jonglant d'épisodes dans la vie des personnages, aux interrogatoires par la police des membres du personnels en passant, évidemment, par les échanges en huis-clos entre Michael (Xavier Dolan), patient un peu dérangé et Green (Bruce Greenwood), vieux psy en pleine crise existentielle. C'est d'ailleurs ces scènes là qui font une grande partie l'intérêt du film, et en deviennent finalement le centre, le tête à tête entre le psychiatre et le patient étant très intéressant. Xavier Dolan incarne un personnage aux multiples facettes et ça lui va à la perfection. Avec son air détaché et nonchalant, il pose peu à peu les règles et conditions de son petit jeu. Car joueur, il l'est, et même profondément calculateur.  Tour à tour arrogant, enfantin, vulgaire, on ne sait que penser de ce personnage atypique qui prend un malin plaisir à jouer avec les situations, les mensonges, les manipulations. Peu à peu, il se révèle, voyage dans sa mémoire, ressort son enfance et l'expose au psychiatre. On écoute alors Michael, fasciné par son récit décousu, sans cependant toujours parvenir à le croire. La vérité, avec Michael, est difficile à percevoir.


L'ambiance du film colle bien avec l'histoire et, malgré des décors très minimalistes (le film se passe surtout dans l’hôpital, dans le bureau de Lawrence où a lieu la confrontation entre Michael et Green), il y a une esthétique choisie qui m'a plu avec son jeu sur les couleurs qui passe par une lumière bleutée très froide, percée ça et là de touches de rouge, orange ou rose dans un vêtement, des feuilles, une fleur... D'ailleurs, seuls les flash-backs de Michael se passant en Afrique et parlant de ses fameux éléphants se détachent de cette ambiance très sombre.


Malgré tout (et si j'ai aimé le film), je suis restée sur ma faim. L'aspect psychologique aurait mérité d'être utilisée de façon encore plus poussée. J'aurais apprécié un réel jeu du chat et de la souris entre Michael et Green, le premier essayant de pousser le médecin dans ses retranchements, le second tentant de révéler le vrai visage du patient.  Les acteurs sont si bons dans leur rôle, le tête à tête n'en aurait été que plus fascinant. Ici, je n'ai pas trouvé cet aspect très exploité, on reste en surface, dans une mise en scène plutôt classique et sans prise de risque. Le film étant issu de la pièce de théâtre du même nom de Nicolas Billon (et même si on  retrouve ici celui-ci en tant que scénariste), l'intensité de l'échange passe peut-être mieux sur scène qu'à travers un écran. Je serais curieuse de voir la pièce, d'ailleurs.

Des remises en question, des voyages dans le passé, des éléphants, des familles esquintées, des sourires narquois, des regrets et du chocolat. Un bon thriller, mais plus marquant par la prestation de ses acteurs que par la construction de son histoire. On sent cependant, qu'à l'image de Michael, le réalisateur réussit à nous emmener là où il le voulait.


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