jeudi 19 mars 2015

[Film] Cake de Daniel Barnz

Américain - 1h42
Sortie en France le 8 avril 2015
Avec : Jennifer Aniston,  Sam Worthington, Adrianna Barraza

Claire Bennett va mal. Il n'y a qu'à voir ses cicatrices et ses grimaces de douleur dès qu'elle fait un geste pour comprendre qu'elle souffre physiquement. Elle ne parvient guère mieux à dissimuler son mal-être affectif. Cassante et parfois même insultante, Claire cède à l'agressivité et à la colère avec tous ceux qui l'approchent. Son mari et ses amis ont pris leurs distances avec elle, et même son groupe de soutien l'a rejetée. Profondément seule, Claire ne peut plus compter que sur la présence de sa femme de ménage Silvana, qui supporte difficilement de voir sa patronne accro à l'alcool et aux tranquillisants. Mais le suicide de Nina , qui faisait partie de son groupe de soutien, déclenche chez Claire une nouvelle fixation.

15/20

S'il est vrai que l'on a peu l'habitude de voir Jennifer Aniston dans ce registre de film (ce qui prête à la curiosité d'ailleurs), ce n'est pas vraiment pour l'actrice que j'ai eu envie de regarder Cake, mais surtout pour l'affiche avec son image voilée et son titre un peu en opposition qui m'ont, tout deux, réellement intriguée. J'étais loin de me douter de ce qu'il se cachait derrière tout ça.

Claire est une femme brisée. Les cicatrices sur son visage et les grimaces au moindre de ses mouvements le prouvent. Se déplacer lui coûte, être assise est un enfer. Heureusement, il y a les analgésiques et l'alcool pour clamer à son corps de se taire. 
Mais les cicatrices de Claire ne sont pas que physiques. Moralement, elle est également sacrément esquintée. Et surtout, elle est en colère. Agressive et tranchante, malgré ses blessures, on a parfois du mal à ne pas la trouver haïssable. Pour dire les choses clairement, c'est une vraie garce. 
Abîmée mais détestable, elle a, au fil du temps, érigé un mur entre elle et les autres. Distanciant de son ton cassant et de son attitude déplaisante tous ceux qui souhaitaient l'aider, de ses amis à son mari en passant par son groupe de soutien, elle se retrouve seule, chaperonner néanmoins par Silvana, sa femme de ménage qui supporte stoïquement l'hostilité de sa patronne à qui elle reste très attachée.



Si Jennifer Aniston n'est pas une actrice dont la filmographie m'aura marquée jusqu'à présent, elle est, dans Cake, impressionnante. Parfaitement dans la maîtrise de son rôle, elle arrive à transmettre aux spectateurs la panoplie d'émotions qui l'entourent. Colère, douleur, antipathie, tristesse, injustice, courage : les sentiments sont au rendez-vous... peut-être même parfois trop. Si durant une grande partie du film le dosage est contrôlé, certaines scènes tombent peut-être un peu vite dans le larmoyant. Le film étant fait pour émouvoir, ce n'est pas réellement gênant et on passe vite sur ce trop plein de compassion qui aurait tendance à apitoyer plus qu'à toucher.





La dégringolade de Claire prend une tournure différente le jour où Nina (jouée par Anna Kendrick qui a décidément la côte en ce moment), une des femmes de son groupe de soutien, se suicide. L'événement agit comme un déclencheur. Obsédée par Nina, le quotidien de Claire s'en retrouve bouleversé. De plus en plus accro aux médicaments, elle en vient même à voir Nina apparaître en rêve ou sous forme d'hallucination. La fraîcheur d'Anna Kendrick et son air sarcastique apporte d'ailleurs une touche d'humour et d'absurde qui sort, l'espace de quelques scènes, de l'aspect dramatique du film.




Claire se met à enquêter sur cette femme qu'elle ne connaissait en réalité pas vraiment, allant jusqu'à s’immiscer dans la vie de son mari désormais veuf (Sam Worthington) ainsi que de son fils. Que pensait Nina avant de mourir ? Était-elle sûre de son geste ? Claire se pose des questions sur la mort de Nina et ses derniers instants, des questions auxquelles elle est bien décidée à obtenir des réponses. 
Munie d'un nouveau but, elle se hisse peu à peu hors de son train train médicamenteux, avec l'aide de Silvana toujours à ses côtés. Celle-ci est interprétée par Adriana Barraza qui m'avait déjà beaucoup touchée dans Babel d'Alejandro González Inárritu et j'étais très contente de la retrouver ici dans un rôle tout aussi émouvant et plein d'abnégation. 

Daniel Barnz signe ici long métrage touchant sur la façon dont le chagrin transforme et la difficulté de vivre avec sa douleur, qu'elle soit physique et morale. Il y a un beau message à faire passer et la sincérité des acteurs participent grandement à la profondeur du film.




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