jeudi 12 mars 2015

[Film] Selma d'Ava DuVernay

Américain, Britannique - 2h07
Sortie en France le 11 mars 2015
Avec : David Oyelowo, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo

Selma retrace la lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama, et qui a conduit le président Jonhson à signer la loi sur le droit de vote en 1965. 

16/20


Selma nous propose le portrait de Martin Luther King Jr dans sa lutte contre les droits des citoyens noirs. Sans être réellement un biopic, la réalisatrice Ava DuVernay a choisi de se concentrer sur l'année 1965, notamment sur les Marches de Selma à Montgomery, trois marches protestataires ayant marqué l'histoire de la lutte pour les droits civiques aux USA.

Selma débute sur trois scènes. Un Prix Nobel, une explosion, du racisme. Tour à tour, les images sont émouvantes, choquantes, révoltantes. Le ton est donné pour le reste du film : dans l'histoire, rien n'est jamais vraiment acquis.
On est fin 1964. Martin Luther King vient de recevoir le Prix Nobel de la Paix pour ses actions non-violentes contre la ségrégation aux États-Unis. Le Civil Rights Act a été signé plus tôt dans l'année et la discrimination est désormais illégale... sur le papier. Dans la réalité, les faits sont bien différents. Le contexte historique de l'époque est bien restitué et mis en scène. On comprend vite où l'histoire veut en venir, et le scénario se dirige rapidement vers Selma, le lieu décisif du mouvement pour la mise en place du droit de vote sans restriction pour tous.


Dès lors, on sent la tension qui monte progressivement, de mouvement en mouvement, de marche en marche, d'injustice en injustice également. On se sent révoltés, touchés, en colère. Frappés aussi, par la force mis en scène sous nos yeux. La seule violence que l'on retrouve dans ce film est purement gratuite, haineuse et raciste. De la part des manifestants, il n'y a jamais que du pacifisme et une envie bien ancrée de faire valoir ses droits dans la non-violence la plus complète. La première marche sur le pont Edmund Pettus en est parfaitement représentative. Des armes contre des mots, de la violence contre le pacifisme. Ce fameux Bloody Sunday marque et reste à l'esprit. La confrontation est brutale. King ouvre au dialogue et ne se heurte pourtant qu'à des murs.

Le pont Edmund Pettus en mars 1965, en réalité et à l'écran

Au terme du mouvement, le Prédisent Johnson finira par déclarer la proposition de loi du Voting Rights Act permettant à tous les citoyens noirs de pouvoir voter sans empêchements et qui sera finalement signée le 6 août de la même année. Cette déclaration suit de peu l'autorisation de la marche de Selma à Montgomery du 25 mars, seule marche qui aboutira et de laquelle découle, à l'écran, un élan d'espoir et de satisfaction vraiment émouvant. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le mélange entre les scènes filmées et entre les images réellement tournées ce jour-là.


Le film nous présente Martin Luther King, ce grand homme à la maîtrise et au courage exceptionnels à travers un David Oyelowo profondément humain qui m'a collé des frissons. Les scènes de discours, notamment la scène finale, sont incroyables. Il possède une telle éloquence qu'on ne peut être que captivé par ses paroles. L'esprit, les idées de King sont portés à l'écran avec une justesse qui ne semble jamais trop en faire. 
Mais Martin Luther King ne fut pas le seul acteur de ces événements et le film donne une place importante aux seconds rôles, notamment en nous résumant, à la fin, le devenir de chacun. Il y a l'épouse de King d'abord, incarnée par la touchante Carmen Ejogo, Coretta, femme forte ayant du endurer les menaces et le harcèlement subis au quotidien. Puis les membres du SCLC (Southern Christian Leadership Conference) qui suivent Martin Luther King. Les militants connus, ceux qui le furent moins. Les victimes ne sont pas oubliées, blanches ou noires, on parle des morts injustifiées, des agressions, de la brutalité. Du gouvernement américain également, avec des portraits peu flatteurs des hommes politiques blancs qui présentent un président Johnson calculateur, un George Wallace profondément raciste ou un J. Edgar Hoover pour qui les solutions passent par la violence. 


 La musique est utilisée avec justesse et renforce l'émotion déjà palpable dans certaines scènes. Pourtant, à aucun moment je n'ai eu l'impression d'avoir affaire à une mise en scène qui cherchait à jouer sur le patos, on est dans la restitution des faits, des dates clés du mouvement et c'est de plus riche en instruction. On connait tous Martin Luther King, mais j'ai réalisé après coup que j'en savais en réalité assez peu, surtout sur les événements dont il est question dans Selma
D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de repenser à tout ça devant le générique qui est accompagné de la très chouette chanson Glory de John Legend et Common (ayant remporté l'Oscar et le Golden Globe de la meilleure chanson originale) qui termine vraiment bien le film.

Selma est un film qui m'a parlé. Durant ses 2h07, j'ai appris, j'ai été touchée, j'ai eu des frissons et je n'ai pas vu le temps passer.




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