lundi 9 mars 2015

[Livre] La Saison des mangues de Cécile Huguenin

Héloïse d'Ormesson, 2015
173 pages
Date de parution originale : 2015

Trois femmes, trois générations, trois pays, trois destins. Inde coloniale. Radhika est mariée par son père à un Major anglais, qui se révèle odieux. La naissance de leur fille, Anita, ne fait qu'exacerber sa tyrannie. Angleterre. Élevée dans la stricte tradition britannique, la petite fille s'épanouit néanmoins dans le cocon qu'elle et sa mère se sont construit. Après la décolonisation, Radhika, opprimée par son mari et nostalgique de son Inde natale, l'empoisonne et repart avec sa fille au pays. Dans l'avion, elles rencontrent François, un français passionné par l'Inde. Anita tombe immédiatement amoureuse de cet homme qu'elle épousera. De leur union naît Mira, au doux visage couleur de mangue. 

16/20

Une claque.  Sous ce joli titre exotique se cache une petite perle de moins de deux cents pages.
Cécile Huguenin enchaînent les histoires de cette lignée de femmes sur trois générations avec une finesse pleine de poésie, parfois un peu brutale dans la dureté des vies racontées, mais toujours avec une fluidité délectable. On sent que le choix des mots s'est fait avec minutie. L'écriture est merveilleuse. 
« Auprès d’elle, j’aurais le temps de découvrir les mots et les gestes nécessaires pour me faire adopter par ce pays. Et surtout, j’ai eu le pressentiment que je n’allais pas tarder à comprendre ici ce que j’avais tellement cherché à fuir là-bas. J’ai senti des milliers de petites fenêtres s’ouvrir en moi et le courant d’air qui s’engouffrait m’a traversé de picotements délicieux. » 
À travers ses trois vies de femmes, le voyage, de l'Inde à la France, puis à l'Afrique est éprouvant. On découvre les traditions, les mœurs. Les cultures se heurtent et se confondent. C'est beau, étranger. Différent. Mais plus que la seule beauté du texte, pour le lecteur, le voyage est riche de réflexions. Identitaires et spirituels, les messages et questions se bousculent et s’enchaînent. Quelles sont les choses qui nous définissent ? Comment nous changent nos choix et les voies que l'on emprunte ? 
« Dommage qu’on ne reçoive pas le mode d’emploi en même temps que la vie. Tout ce temps perdu à errer dans les couloirs, au lieu de s’investir à fond depuis le début, si on avait pu savoir dans quoi. »
Un très beau roman, bref mais plein de profondeur, de tendresse et de cette joliesse un peu brute qui va avec les belles histoires.




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