samedi 7 mars 2015

[Livre] Pommes de Richard Milward

Seuil - Points, 2013
246 pages
Titre VO : Apples

Adam aime Eve. Eve sait à peine qui est Adam. Adam tente de survivre aux raclées de son père en écoutant les Beatles. Eve s'oublie dans l'alcool, la drogue et le sexe sans plaisir. Dans les quartiers ouvriers de Middlesbrough, au nord de l'Angleterre, l'expérience de la vie est souvent très violente. À quinze ans, Adam et Eve ne le savent que trop bien. Ce ne sont pourtant que des enfants.

15/20

Pommes, oui, mais empoisonnées. Sous ses airs de roman édulcoré et déluré se cache en réalité une part de vérité très sombre et le regard de Richard Milward sur la jeunesse anglaise est finalement désabusé et cynique. 
« J'avais l'impression que chaque fois que j'ouvrais la bouche, il y avait un flingue à l'intérieur et que j'appuyais sur la détente. »
Le roman a, à bien des égards, des airs du Trainspotting d'Irvine Welsh mais en version adolescente. Le sujet d'abord, avec un livre qui aborde une décadence propre à une jeunesse laissée trop vite à l'abandon. La forme de l'histoire aussi, avec ses chapitres et parties qui valsent d'un personnage à un autre.
C'est ressemblant, mais bien loin d'être un défaut, il s'agit juste d'un regard plus jeune, plus frivole également, car encore bercé d'illusions malgré l'apparente fatalité qui semble en permanence planer sur la bande d'adolescents au centre du roman.
Un point de vue plus jeune, sûrement, mais pas moins violent. L'histoire est remplie de cette violence doucereuse, irritante, qui explose lorsqu'on s'y attend le moins.Les jeunes baignent dans cet univers poisseux, englué par l'alcool et la drogue qui leur procurent une liberté factice et un sentiment d'oubli qui ne tient pas la route et s'écaille aussi vite qu'il fait son apparition.
« Les filles sont comme des feux d'artifices, elles éclaboussent de joie tout le quartier. »
On se sent parfois un peu mal à l'aise, les personnages ont toujours l'air trop jeunes pour que leur réalité vole si vite en éclat ou alors, c'est leur insouciance forcée qui agace et révolte. On les observe s'enfoncer, on regarde les erreurs s’enchaîner, celles qui peuvent s'oublier et celles qui ne peuvent se réparer.
Adam et Eve sont au centre de ce microcosme anglais, mais il y a également leurs amis, leurs familles et au fil du roman, les destins se mettent en place, les routes se séparent ou se retrouvent. Et finalement, le dernier chapitre se termine de la même façon dont le livre débute : sur une histoire qui bourgeonne.

Et loin d'en être la fin, on a au contraire l'impression que ça ne fait que commencer.




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